"Nous sommes tous soulagés par ce jugement. Néanmoins, pourquoi tout ce temps perdu de la part du parquet pour priver de liberté un innocent qui se bat pour les valeurs démocratiques ?" a réagi Me Lounaouci Lydia, membre du collectif des avocats de la défense. Le président de la cour de Béjaïa a rendu, hier, son verdict dans le procès en appel du détenu politique et ex-député Khaled Tazaghart, en détention depuis le 28 septembre dernier à la maison d'arrêt d'Akbou. Le juge a ainsi prononcé la relaxe du militant politique actif du Hirak et détenu, après une bataille judiciaire de deux mois de la défense du collectif de ses avocats. Explosion de joie dans la salle d'audience à l'annonce du verdict, à 9h, par le juge près le tribunal de la cour de Béjaïa. Un verdict tant attendu par l'assistance et les avocats de la défense du détenu. "C'est une victoire pour nous, avocats de la défense, et pour le Hirak. Nous sommes, certes, tous soulagés par ce jugement. Néanmoins, pourquoi tout ce temps perdu de la part du parquet pour priver un innocent qui se bat pour les valeurs démocratiques ?" nous a déclaré en substance Me Lounaouci Lydia, membre du collectif des avocats de la défense, juste après l'annonce du verdict par le juge. Et de préciser qu'en termes de droit, "le détenu peut engager des poursuites contre la justice pour dédommagement après avoir été privé arbitrairement de sa liberté". Le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), Saïd Salhi, présent dans la salle à l'annonce du jugement par le magistrat, nous a déclaré : "Nous sommes à la fois soulagés et victorieux par ce verdict. Je tiens à rendre hommage au collectif des avocats de la défense et à la solidarité populaire au profit du détenu Khaled Tazaghart. Le verdict confirme en fait ce que nous avons toujours plaidé, à savoir que le dossier est vide. Les poursuites judiciaires sont infondées. Aucune preuve n'appuie l'accusation." Après l'annonce du verdict, qui s'est répandue telle une traînée de poudre, la famille du détenu politique Khaled Tazaghart et des militants du Hirak se sont rassemblés, hier matin, pour accueillir "en héros" le détenu. "C'est une bonne nouvelle pour nous, sa famille. Nous souhaitons la liberté pour tous les détenus arbitraires du système", nous a déclaré en substance au téléphone Hamid Tazaghart, frère de Khaled, qui attendait, hier, avec l'épouse et les deux enfants du détenu, devant la prison d'Akbou, la libération de son frère d'un moment à l'autre. Pour rappel, Khaled Tazaghart a été arrêté le 26 septembre dernier à Tichy et gardé en garde à vue à Tichy avant d'être placé en garde à vue. Le lendemain, il a été présenté devant le juge près le tribunal d'Akbou qui l'a placé sous mandat de dépôt, pour ensuite le condamner à une année de prison ferme assortie de 100 000 DA d'amende. Le détenu est accusé d'"incitation à attroupement, publication pouvant porter un trouble à l'ordre public et violation des mesures du confinement sanitaire de la Covid-19". À sa sortie de prison, il a affirmé, dans une déclaration à Liberté, qu'il s'attendait à ce qu'il soit arrêté. "Je m'attendais à mon arrestation mais aussi à ma libération", a-t-il déclaré. Heureux de retrouver les siens, Tazaghart a ajouté que sa libération est obtenue "grâce au travail de mes avocats et à la solidarité citoyenne. Je suis libre aujourd'hui. Le travail fourni par les avocats a démontré que les arguments avancés pour justifier mon arrestation ne tiennent pas debout". Il a, par ailleurs, tenu à saluer l'élan de solidarité citoyenne pour sa libération. "La mobilisation citoyenne a été une chose extraordinaire. Je remercie tous ceux qui se sont mobilisés pour demander ma libération. Et c'est cette mobilisation qui m'a permis de retrouver aujourd'hui la liberté. J'espère que les autres détenus seront eux aussi libérés et que la mobilisation soit maintenue jusqu'à la libération de tous les détenus d'opinion", dira celui qui vient de passer trois mois en détention.