Le juge administratif suprême en France, le conseil d'Etat, a rejeté hier une requête en référé déposée par l'ONG BarakaCity pour contester sa dissolution prononcée par le gouvernement qui l'accuse d'inciter à la haine et d'être proche de l'islamisme radical. "Le juge des référés du Conseil d'Etat estime que les propos incriminés du président de l'association peuvent être imputés à l'association elle-même et constituent des discours incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence, pouvant justifier une dissolution", a expliqué l'institution dans un communiqué annonçant la décision. Le 28 octobre, douze jours après l'assassinat d'un professeur, Samuel Paty, par un islamiste radicalisé, le gouvernement dissolvait BarakaCity, créée en 2010, en l'accusant d'"inciter à la haine", de liens avec "la mouvance islamiste radicale", et de "justifier des actes terroristes". Le décret de dissolution reprochait à l'ONG de diffuser et d'inviter à la diffusion "d'idées haineuses, discriminatoires et violentes" en ligne avec l'islam radical, notamment via ses comptes Facebook et Twitter et via le compte Twitter personnel de son président et fondateur, Idriss Sihamedi. Avec le collectif "Cheikh Yassine", c'est l'une des deux organisations dont le gouvernement a annoncé la dissolution après la mort de Samuel Paty. Le gouvernement en a depuis annoncé une troisième, imminente : celle du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), une association de lutte contre la discrimination des musulmans qu'il accuse d'être une "officine islamiste œuvrant contre la République". Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, avait été décapité en pleine rue près de son lycée de Conflans-Sainte-Honorine (en région parisienne) le 16 octobre par un Russe-Tchétchène de 18 ans qui lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures du prophète Mohammed.