Des dizaines d'enseignants affiliés à l'Union nationale des personnels de l'éducation et de formation (Unpef) ont débrayé, hier à Oran, pour interpeller les autorités supérieures sur l'urgence de protéger les personnels de l'éducation et les élèves de la pandémie de Covid-19. "Nous sommes disposés à assumer cette situation d'urgence à la seule condition que les pouvoirs publics nous donnent les moyens de le faire", a expliqué le responsable de l'Unpef-Oran, Mahrez Hamouda, à l'issue d'une réunion d'évaluation qui s'est tenue en fin de matinée. Sans évoquer explicitement la fermeture des écoles comme option de lutte contre le coronavirus, Mahrez Hamouda a insisté sur la nécessité de mettre à la disposition des personnels de l'éducation les moyens matériels pour faire face à cette situation exceptionnelle. Selon le responsable syndical, à 11h, la grève avait atteint un taux de suivi de 68,70% à travers la wilaya d'Oran et de nombreux établissements scolaires affichaient un taux de 100%. À Constantine, la journée nationale de protestation à laquelle a appelé l'Unpef a connu un taux de suivi assez mitigé, n'ayant pas dépassé les 48%, selon le coordinateur de wilaya de l'Unpef, Zaier Salim. La Direction de l'éducation nationale a évoqué, elle, une adhésion des enseignants à la grève de l'Unpef de 30% à peine. Il reste que les contestataires ont revendiqué la satisfaction d'une série de revendications dont la mise en œuvre du protocole sanitaire pour la protection du personnel de l'éducation et des élèves, l'adoption d'une seule vacation d'enseignement, la révision globale des horaires hebdomadaires des trois paliers, l'allègement du nombre de séances et le maintien du samedi comme jour de repos et la révision des planches horaires. Ils ont aussi dénoncé le manque flagrant de moyens matériels et humains. "Plusieurs écoles primaires ne disposent pas de gel désinfectant, notamment celles qui se situent dans les communes de Hamma-Bouziane, El-Khroub et Ibn Badis. Dans l'établissement où je travaille, chaque enseignant achète une bouteille de gel hydroalcoolique pour ses élèves, sans parler de l'absence totale des opérations de désinfection quotidiennes de l'établissement et de la cantine", a déploré Meriem, enseignante de langue française rencontrée, hier, devant la Direction de l'éducation de la wilaya de Constantine, avant de poursuivre : "Pourtant la DE avait assuré, à quelques jours de la rentrée scolaire, que tous les moyens de protection contre le coronavirus seront disponibles au niveau de tous les établissements de la wilaya." Pour elle, "le manque de moyens et de règles claires de distanciation menace la santé du personnel et des élèves". S'agissant de l'emploi du temps, Meriem le juge "insupportable". "Ça dépasse nos capacités. Dans le moyen c'est encore pire", estime-t-elle. À Tizi Ouzou, le débrayage de l'Unpef a été timidement suivi par le personnel du secteur de l'éducation dans la wilaya, de l'avis même du coordinateur de wilaya du syndicat, Malik Bendahmane. Pour justifier cette faible mobilisation, celui-ci a invoqué le "manque de temps pour faire parvenir notre déclaration aux écoles (...)". Après quoi, il a vertement dénoncé les propos jugés "mal placés" du ministre de l'Education qui a désigné les enseignants et le personnel administratif comme source de contamination par le coronavirus en milieu scolaire. "On nous accuse d'être la source de contamination, ce qui est inadmissible !" s'est indigné M. Bendahmane expliquant que la propagation du virus en milieu scolaire "est plutôt due à l'inexistence du protocole sanitaire dans de nombreux établissements, notamment dans ceux du primaire". Pour lui, les nombreux enseignants décédés ou en confinement sont les victimes de cette situation.