Le cyclone Katrina, avec 1 121 morts et des centaines de milliards de dégâts dans le sud des Etats-Unis, il y a un mois, a exposé les faiblesses d'un pays qui, depuis les attentats de 2001, se croyait prêt à affronter les catastrophes. Le 29 août dernier, le cyclone ravage maisons et immeubles sur la côte du Mississippi et provoque la rupture des digues protégeant La Nouvelle-Orléans, bientôt submergée à 80%. L'eau prend au piège des dizaines de milliers d'habitants parmi les plus pauvres. Livrée aux pillards et aux bandes rivales, la cité du jazz devient une jungle urbaine. L'insécurité rend plus pénible encore la survie des sans-abri, réfugiés dans le centre des Congrès et le stade couvert de la ville. En Louisiane, les ventes d'armes explosent, les habitants voulant défendre leurs biens. Dans son ranch au Texas, le président George W. Bush décide, au bout de 24 heures, d'écourter ses vacances. Mais, les secours tardent, les opérations ne sont pas coordonnées et la pagaille coûte à M. Bush sa plus forte chute dans les sondages. Pour la première fois, une majorité d'Américains ne fait plus confiance au Président pour les protéger, même d'un acte de terrorisme. L'Agence fédérale de gestion des crises (Fema) est débordée, malgré des pouvoirs renforcés depuis 2001. Son directeur démissionne. Le Pentagone est appelé à la rescousse et remet de l'ordre dans les secours. Quand l'eau se retire de La Nouvelles-Orléans, grâce au pompage et au colmatage des digues, près de 900 cadavres, gonflés et méconnaissables, sont découverts. Les conséquences du drame devraient être durables, tant les défaillances ont été nombreuses, des autorités locales jusqu'à la Maison-Blanche. Le Congrès ouvre une enquête mais elle ne sera pas indépendante, comme le réclamait l'opposition démocrate. Le Président souhaite aussi un rôle accru pour l'armée lors des crises de grande ampleur, assumé avec retard après Katrina et préventivement lors des évacuations massives pour le cyclone Rita, moins destructeur, le 24 septembre. La reconstruction du Sud promet d'être la plus coûteuse opération civile de l'histoire des Etats-Unis. La Louisiane a demandé 250 milliards de dollars d'aide fédérale, dont 40 pour les digues de La Nouvelle-Orléans. Les travaux auraient coûté moins de trois milliards s'ils avaient été effectués avant l'arrivée du cyclone, comme le demandaient les élus locaux. L'ardoise totale, incluant Mississippi et Alabama, dépassera les 300 milliards de dollars. De nombreux républicains s'inquiètent d'un creusement du déficit budgétaire, certains réclamant la fin des réductions d'impôts chères à M. Bush. Le principal défi sera de faire revivre les villes dévastées. Avec Katrina, l'Amérique a mis un visage sur certaines statistiques : 37 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté et la Louisiane est l'un des Etats les plus pauvres du pays.