L'accord d'avril 2020 a été révisé et modifié, notamment ses dispositions concernant les niveaux de baisse de production. Après quatre jours de négociations tendues et complexes, l'Opep+ a finalement trouvé, jeudi 3 décembre au soir, un accord portant sur l'augmentation de la production pétrolière de 500 000 barils par jour à compter du 1er janvier 2021. Ainsi, en vertu de cet accord, les membres de l'alliance (Opep+) s'engagent à faire passer le volume de pétrole retiré du marché de 7,7 millions de barils par jour (actuellement ) à 7,2 millions de barils par jour au 1er janvier prochain. Ils ont, par ailleurs, convenu de se retrouver tous les débuts de mois à partir de janvier afin "d'évaluer les conditions du marché et de décider des ajustements de la production pour le mois suivant". Ils pourraient ainsi augmenter, chaque mois, la production de 500 000 barils par jour, si le marché le permettait, jusqu'à atteindre 2 millions de barils par jour, un volume optimal souhaité par plusieurs producteurs. Cette mesure de relèvement de la production est "l'aboutissement d'une réflexion formulée par trois pays", participant aux négociations à savoir "l'Algérie, l'Azerbaïdjan et le Koweït", selon le ministre de l'Energie et président en exercice de l'Opep, Abdelmadjid Attar. Il s'agit là d'un compromis entre, d'un côté, les pays qui souhaitaient prolonger les réductions actuelles et ceux qui voulaient suivre les marches du calendrier arrêté après d'âpres négociations en avril 2020, et qui prévoyait l'abaissement du volume de pétrole retiré du marché à 5,8 millions de barils au 1er janvier. Les négociations ont ainsi abouti à des solutions de type "couper la poire en deux". L'Opep+ a-t-elle, pour autant, abandonné l'accord d'avril 2020 ? Ce dernier a été, en fait, révisé et modifié en profondeur, notamment ses dispositions concernant les niveaux de baisse de production. Selon cet accord, la production devrait être réduite de 7,7 millions de baril par jour (bpj) en août pour se maintenir à ces niveaux jusqu'en décembre 2020. Il prévoyait ensuite une diminution de 5,8 millions de bpj de janvier 2021 à avril 2022, date d'expiration de l'accord. Il faut dire que l'Opep et ses partenaires s'étaient imposé des quotas d'un niveau sans précédent dans l'industrie pétrolière dans le cadre de cette entente. Aujourd'hui, l'alliance a décidé de relâcher cet effort pour aborder l'année 2021 avec l'objectif clair de rouvrir les vannes, en espérant que les vaccins contre la Covid-19, mis au point par certains laboratoires, permettront de redonner confiance aux marchés et, partant, de faire remonter les prix de l'or noir. Cependant, cet optimisme doit être tempéré par une bonne dose de réalisme, car, la production de pétrole risque d'augmenter fortement, en 2021, avec de gros volumes de brut en provenance de Libye et d'Iran, une donnée endogène (autrement dit en interne) dont l'Opep+ devra tenir compte. La production libyenne est repartie en flèche depuis octobre. Elle a désormais dépassé le million de barils par jour. Par ailleurs, à moyen terme, une politique américaine plus souple vis-à-vis de l'Iran, après l'élection du candidat démocrate Joe Biden, pourrait faire revenir sur le marché des centaines de milliers de barils par jour.