L'Opep et ses partenaires, réunis hier par visioconférence, semblent laisser les portes ouvertes à toutes les possibilités, dans un contexte de grandes incertitudes sur les marchés pétroliers. Ainsi, l'Opep+ devait, à la faveur de cette réunion, prolonger les ajustements de production actuels jusqu'en 2021, ou les approfondir si les conditions du marché le nécessitent. Selon l'accord de baisse de production, conclu en avril dernier par l'Opep et ses alliés, la production devait être réduite de 7,7 millions de barils par jour (bpj) en août pour se maintenir à ces niveaux jusqu'en décembre prochain. Le pacte de l'Opep+ prévoit ensuite une diminution de 5,8 millions/bpj de janvier 2021 à avril 2022, date d'expiration de l'accord. Il reste, cependant, à savoir si ces ajustements seront suffisants pour redonner de la vitalité aux cours du brut. Dans une déclaration faite lundi dernier, à l'occasion d'une réunion du comité technique conjoint (JTC) de suivi de l'accord de réduction de la production, le secrétaire général de l'Opep, Mohammad Sanusi Barkindo, a admis que "la résurgence des infections par la Covid-19 et les nouvelles mesures de verrouillage en Europe continuent d'entraver la reprise de l'économie et du pétrole". Il a également souligné la nécessité de rester "vigilant" et de continuer à œuvrer pour une "stabilité durable du marché pétrolier".Il a, en outre, tenu à expliquer que l'accord de l'Opep+ a joué un "rôle essentiel dans la réduction de la volatilité des prix tout au long des longs et difficiles mois de la crise pandémique, et a contribué à restaurer la stabilité et la confiance relatives du marché". Est-ce à dire que le plus dur est passé ? Il est vrai que l'annonce du développement d'un vaccin contre la Covid-19 a permis une amélioration des prix de brut, dépassant le niveau de 43 dollars le baril. Mais rien ne semble indiquer — pour le moment du moins — que la tendance à la hausse des cours va se poursuivre et que l'année 2021 sera meilleure que 2020. Le marché risque, en outre, d'être confronté à une nouvelle donne au plan géopolitique, née de l'élection de Joe Biden. Ce dernier n'hésitera pas, selon certains observateurs, à faire revenir les Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien. Le retour de l'Iran sur la scène énergétique conduirait inévitablement à une augmentation de l'offre pétrolière de l'Opep et, partant, à une pression sur les prix. À l'offre iranienne, il faut ajouter celle libyenne qui a pris de l'épaisseur atteignant un million de barils par jour. La Libye est dispensée de réduire son offre dans le cadre de l'accord de limitation de la production pétrolière en vigueur. Mais cela ne veut pas dire qu'elle peut produire autant qu'elle le souhaite. Une éventuelle "surproduction" libyenne ne pourrait que compliquer davantage une situation déjà difficile et particulièrement tendue sur les marchés.