La pandémie de Covid-19 n'a pas été sans conséquence sur la situation financière de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV). La suspension de ses dessertes depuis le 17 mars dernier suite à la propagation du coronavirus lui a causé une perte estimée à 9 milliards de dinars. Son P-DG, Ahcène Gueraïria, qui a avancé ce chiffre, a souligné que l'entreprise "souffre d'une crise financière et rencontre plusieurs difficultés, notamment pour le paiement des salaires des travailleurs, en raison de la suspension de ses dessertes maritimes". Lors d'une séance d'audition organisée par la Commission des transports et des télécommunications de l'Assemblée populaire nationale (APN), Ahcène Gueraïria a affirmé que l'administration de l'entreprise "attend la décision des autorités pour la réouverture de l'activité maritime de transport des voyageurs pour reprendre ses activités et programmer ses premières dessertes dans les plus brefs délais". Pour lui, la flotte algérienne, composée des trois ferries Tariq Ibn Ziyad, Tassili et El-Djazaïr, acquis depuis près de 19 ans, ne peut pas concurrencer les flottes française et espagnole, compte tenu de sa faible capacité d'accueil. Ce qui amène la compagnie à recourir à l'affrètement durant la saison estivale pour couvrir ce déficit. Ahcène Gueraïria citera l'exemple de l'unique car-ferry de la Tunisie dont la "capacité dépasse celle de nos trois navires", précise-t-il. Même la capacité supplémentaire qu'apporterait le nouveau navire de 1 800 passagers, dont la réception est prévue pour janvier prochain, restera insuffisante, estime le même le responsable, qui dit être convaincu que la relance de l'activité de l'ENTMV "dépendra de l'appui que devra lui fournir l'Etat". Selon lui, "l'ouverture de nouveaux points maritimes et l'acquisition de nouveaux navires sont le seul moyen susceptible de permettre à la compagnie de s'imposer et de répondre aux attentes de ses clients". L'autre contrainte à laquelle fait face l'ENTMV a trait au dossier des dettes qui "constituent désormais une charge pour l'entreprise". Sa dette envers Naftal, estimée à près de 209 milliards de dinars, doit être remboursée en devises. Evoquant les prestations fournies aux clients, Ahcène Gueraïria a indiqué que le prix des tickets de l'ENTMV incluant les trois repas reste moins cher, comparé aux offres étrangères, en dépit des faibles capacités de l'entreprise. "Il est temps que les mentalités changent et que le citoyen prenne conscience de l'importance de préserver les biens publics pour pouvoir aller de l'avant et atteindre de meilleurs niveaux de prestation", a conclu le même responsable.