Le procès en appel des frères Kouninef n'a pas eu lieu, hier, à la cour d'Alger. Le président de cette instance judiciaire a décidé de renvoyer, encore une fois, l'examen du dossier. À l'ouverture de l'audience, le juge a expliqué que plusieurs avocats de la défense constitués dans cette affaire sont atteints du nouveau coronavirus, d'où la nécessité d'ajourner le procès au 23 décembre prochain. Le procès a déjà été reporté à deux reprises sur demande de la défense. Les trois frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC sont poursuivis pour "corruption", "trafic d'influence", "blanchiment d'argent", "obtention d'indus avantages", "détournement de foncier et de concessions" et "non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics". À l'issue de leur procès en première instance, le tribunal de Sidi M'hamed avait condamné Réda Kouninef à une peine de 16 ans de prison ferme assortie d'une amende de 8 millions de dinars, Tarek Kouninef à 15 ans de prison ferme et une amende de 8 millions de dinars. Abdelkader Kouninef a, quant à lui, été condamné à 12 ans de prison ferme. Le tribunal a également condamné Souad Kouninef (actuellement à l'étranger) à une peine de 20 ans de prison ferme assortie d'une amende de 8 millions de dinars. Le tribunal a, également, ordonné l'émission d'un mandat d'arrêt international à son encontre. Le gérant du groupe KouGC, Keddour Ben Tahar, a été condamné à 8 ans de prison ferme. Les autres personnes impliquées dans l'affaire, essentiellement des cadres des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, des Ressources en eau, de l'Energie et des Télécommunications, ainsi que d'autres secteurs où le groupe KouGC a obtenu des marchés, ont été condamnées à des peines de 18 mois à 3 ans de prison ferme et à des amendes allant de 200 000 DA à un million de dinars. Le tribunal a également décidé de saisir tous les biens des principaux accusés. À rappeler aussi que lors du procès en première instance, les auditions et les révélations ont démontré que ceux que l'on considérait comme "les protégés" de Bouteflika ne faisaient face à aucune restriction dans l'obtention des marchés. "Ceux qui sont venus dans les bagages de Bouteflika" avaient, en effet, la mainmise sur la commande publique. Lors du même procès, l'avocat du Trésor public avait indiqué que le groupe KouGC, à travers ses filiales, "a causé au Trésor public des pertes estimées à plus de 260 milliards de dinars". Selon l'avocat, "186 milliards de dinars dus aux crédits injustifiés octroyés par des banques publiques" et "74 milliards de dinars de privilèges indûment obtenus par KouGC". D'étonnantes révélations ont été également faites sur les centaines de projets "décrochés" par les frères Kouninef auprès d'organismes publics dans les secteurs de la communication, de l'industrie, de l'énergie, de l'agriculture, etc.