Présents en force à la 20e édition du film francophone de Namur, les réalisateurs algériens, d'Algérie et immigrés, présentent une large palette thématique et affirment leur engagement dans les sujets d'actualités nationale mais aussi internationale. Aussi, leurs films traduisent le souci, de ces porteurs de rêve et de réalité, de s'ouvrir sur le monde. Si Mohamed Chouikh, le cinéaste chevronné et qui n'a rien à prouver est allé à la rencontre de la femme algérienne et a voulu mettre en évidence sa résistance et son combat pour l'égalité, Mustapha Djadjam lui, a infiltré les réseaux de l'immigration clandestine en Afrique à travers un long métrage de 107 minutes intitulé Frontières. Une fiction qui retrace on ne peut mieux les sentiers par où passent les Africains en quête d'un eldorado, que beaucoup n'atteignent jamais. Parti du fin fond de l'Afrique centrale, Djadjam a choisi un groupe d'hommes et une femme qui traverseront différents pays avant d'arriver à destination. Une histoire drôle, mais pas tout le temps, qui en dit long sur la souffrance des hommes et des femmes qui tentent de fuir la misère du pays et qui tentent par tous les moyens d'atteindre le paradis terrestre. Jeune réalisateur issu de l'immigration, Nassim Amaouche signe un 28 minutes poignant réalisé sur la frontière jordano-irakienne. Présenté dans le cadre de la compétition officielle, Quelques miettes pour les oiseaux, nous propulse dans un no man's land situé entre l'Irak et la Jordanie. Un petit village, déserté par ses habitants après l'assaut américain, où prostitution et contrebande sont les seuls moyens de survie pour les rares humains qui ont choisi de rester ainsi que les camionneurs de passage. Dans un hôtel de fortune, des Arabes de différentes nationalités ont décidé d'oublier la guerre et de faire semblant de “vivre”. Mais la survie ne durera pas, car la caméra de Nassim Amaouche n'est pas la bienvenue par les autorités jordaniennes, qui ne tarderont pas à effacer toute trace du village, les oiseaux se nourriront des dernières miettes qui nourrissaient les humains. Malek Bensmaïl a, quant à lui, clôturé la série des films algériens avec son dernier documentaire Le grand jeu. Plus d'une heure de temps qui revient sur un des innombrables rendez-vous électoraux algériens, les présidentielles de 2004. Bensmaïl, qui continue d'écrire l'histoire de l'Algérie cinématographiquement, et c'est tant mieux, a suivi Ali Benflis dans sa campagne électorale, après avoir échoué à convaincre le président candidat. Le résultat est un long voyage à travers une Algérie en quête d'un changement qui ne vient pas. Un combat, qui malheureusement, mettra fin à l'illusion démocratique. Porteurs de messages politiques et humains, les cinéastes algériens continuent de s'affirmer dans les différentes rencontres cinématographiques, même si réaliser un film relève du parcours du combattant. W. L.