A cette occasion, une bonne poignée de cinéastes, acteurs, journalistes, producteurs se retrouvent sur les rives de la Meuse, pour voir des films, participer à des colloques, échanger des nouvelles, raconter des histoires. Et des histoires, il y en a. Les participants en effet viennent de partout. Et l'on cause français. D'Afrique, du Maghreb, des Caraïbes, d'Egypte, du Liban, du Vietnam, du Cambodge, d'Europe... Chacun se renseigne sur l'état du cinéma de l'autre. Les invités habitués de Namur sont bien reçus, bien logés, bien nourris et passent en priorité dans les salles chaque fois que la frénésie d'une foule de spectateurs piaffe devant l'entrée... L'ambiance du Festival de Namur est toujours fébrile et gaie. Cette année, ça risque de chauffer le jour où Emmanuelle Béart (hommage lui est rendu) va débarquer au festival. Le public namurois va tenter d'envahir la salle déjà pleine par la seule présence de la belle actrice. Mais à Namur, on a toujours droit à des séances supplémentaires. Sur ce point aussi, l'organisation est parfaite. En marge du programme chargé mais pas trop (150 films choisis par Dominique Jamar, la directrice, et Nicole Gillet, la programmatrice), le Festival de Namur organise aussi des mégafêtes certains soirs. On se souvient de la fête algérienne de l'an passé (pour le film de Chouikh) où toute l'ambassade d'Algérie à Bruxelles avait la mine réjouie, le sourire épanoui tout au long de la nuit (au son d'une musique chaâbi), s'offrant ainsi l'âpre plaisir d'une détente après le stress du boulot diplomatique. Cette année, il y aura aussi une soirée algérienne, c'est du reste Rachid Bouchareb avec le sidérant Indigènes qui préside à la soirée d'ouverture. Le Festival de Namur se donne pour objectif de choisir les plus récents films produits dans les territoires francophones. L'Egypte n'entre pas forcément dans cette catégorie, mais chaque année, il y a des films égyptiens dans le programme. De même que des films libanais. Falafel, de Michel Kamou, fait partie de la sélection officielle cette année et concourt pour le grand prix (Bayard d'Or). Le Birkina, la Roumanie, la France, le Québec, la Belgique, la Suisse romande ont aussi des films en concours. Le dernier film d'Alain Resnais (Cœurs) est prévu pour la clôture. Côté égyptien justement, le cinéaste Tahani Rached qui a déjà présenté son film à Cannes en mai et créé une certaine gêne (parmi ses compatriotes présents dans la salle) revient à Namur avec son long documentaire, réussi, intitulé El Banate Dol, une plongée hallucinante sur la vie quotidienne d'adolescentes au Caire qui ne quittent pas la rue jour et nuit des jeunes SDF marginalisées, rejetées mais qui ont la rage de vivre en liberté, même dans la misère totale. Au Festival de Cannes, certains participants égyptiens ont vivement protesté contre la sélection de ce film à Namur, El Banate Dol va certainement créer un choc. Ce film raconte « l'irracontable » rejet par le Caire de ses filles. Documentaire également du Marocain Mourad Boucif sur les soldats maghrébins qui ont libéré la France version archives du film de Bouchareb. Larbi Benchicha, Algérien émigré en Europe, présente pour sa part un documentaire de 52 mn au titre énigmatique : L'Algérie, son cinéma et moi. Pas la moindre idée de ce que peut être. Par contre, on sait que La Traversée, d'Elisabeth Leuvrey, cinéaste native d'Alger, a été fait sur le bateau Alger-Marseille et raconte des histoires d'émigrés. Parmi le jury officiel se trouve notre ami Lyazid Khodja pour juger les longs métrages de fiction (100 000 euros pour le Bayard d'Or), tandis que c'est le cinéaste sénégalais Samba Félix Ndiaye qui préside le jury documentaire.