L'Iran a repris l'enrichissement de l'uranium à hauteur de 20% et annonce que sa production est désormais "stable" depuis les premières heures d'hier, dans ce qui constitue le plus spectaculaire de ses désengagements en matière nucléaire. L'Iran avait annoncé lundi avoir enclenché le processus destiné à produire de l'uranium enrichi à 20% dans son usine souterraine de Fordo, à 180 km au sud de Téhéran. Cette décision va à l'encontre des engagements pris par la République islamique devant la communauté internationale, dans l'accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015. "À environ 7h du soir (15h30 GMT lundi), nous avons atteint 20%", a déclaré le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, dans un entretien diffusé peu avant minuit par la télévision d'Etat. À partir du milieu de la nuit, a ajouté M. Kamalvandi, la production d'uranium enrichi à 20% "devrait devenir totalement stable, ce qui veut dire que nous injectons à l'entrée des cascades de centrifugeuses de l'uranium enrichi à 4% et que nous obtenons 20% à la sortie". Le porte-parole a par ailleurs indiqué que l'OIEA mettait en œuvre une loi récente votée par le Parlement enjoignant le gouvernement à reprendre immédiatement la production d'uranium enrichi à hauteur de 20% de façon à en produire 120 kg par an. Le gouvernement du président Hassan Rohani, qui fait figure de modéré, s'était vainement opposé à cette loi, entrée en vigueur depuis, estimant qu'elle allait à l'encontre des efforts diplomatiques destinés à obtenir la levée des sanctions américaines contre l'Iran à la faveur de la prochaine arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden. Celui-ci a signalé son intention de revenir sur la politique de "pression maximale" contre l'Iran menée par le président sortant Donald Trump, qui a retiré son pays de l'accord de Vienne (2015) en mai 2018, réimposant de lourdes sanctions contre la République islamique. En riposte, l'Iran s'est affranchi, à partir de mai 2019, de la plupart de ses engagements clefs pris à Vienne. Mais Téhéran affirme que ces mesures prises à rebours de ses engagements sont réversibles, et qu'elles sont prises dans le cadre de dispositions prévues par l'accord de Vienne en cas de manquement des autres parties à leurs engagements. L'accord nucléaire engage l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité – Royaume-Uni, Chine, France, Russie, Etats-Unis – plus l'Allemagne.