Résumé : Anissa tente d'expliquer à son oncle pourquoi elle est rentrée précipitamment. Elle ne supporte même pas l'idée d'être privée de liberté et de vivre sous la menace terroriste. Son oncle et sa tante ne la comprennent pas. Elle savait que Nedjmeddine exerçait un métier à risques, à Chlef. S'il tient à elle, il changera de métier. Anissa se change et rejoint sa tante à la cuisine et lui donne un coup de main pour préparer le dîner. Elle espère que Nedjmeddine appellera, mais le téléphone demeure silencieux. Elle soupire plusieurs fois et se retient de râler. Le bruit de la vaisselle qui s'entrechoque dans l'évier interpelle sa tante. -Hé, doucement ma belle ! Ce n'est pas parce que tu as voulu donner une leçon à ton futur mari que tu dois t'en prendre à ma vaisselle. Anissa, déçue, au bord des larmes, se tourne vers elle. -Tu te rends compte, il n'a même pas appelé. Imagine qu'il décide de rompre ? De divorcer ? -Mais non, sois patiente. Tu viens d'arriver, lui rappelle sa tante. Cesse de ressasser cela. Oublie-le un instant. Anissa soupire. -Comme si c'était facile à faire. J'ai laissé mon cœur là-bas. Elle se tait en entendant des coups à la porte d'entrée. Elle se précipite dans le couloir, espérant que ce soit Nedjmeddine. Mais c'est Djalil, son oncle lui a ouvert. Elle a complètement oublié qu'il était resté. Il est surpris de la voir. -Bonsoir, vous êtes vite revenue, remarque-t-il. -Alors, tu as eu le poste ? Comment ça s'est passé ? -Bien, répond-elle. Nedjmeddine n'est pas venu, il a du boulot. -Ça n'arrête pas. J'espère qu'il n'y laissera pas sa peau. Anissa a un frisson. Elle ne lui parle pas de l'attentat de la veille, même si inévitablement, il l'apprendrait un jour ou l'autre. Il a besoin d'oublier. Elle change de sujet, en demandant des nouvelles de son amie et collègue. -Nous avons passé la journée ensemble. Son frère était avec nous. Je n'ai pas vu le temps passer, confie-t-il. Ils ont été très sympas. Anissa sourit. Depuis le début, elle espère que Sarah et lui s'entendront bien. Vu son air détendu et satisfait, elle pense avoir réussi. Mais elle perd son sourire. Si elle n'était pas aussi impulsive et spontanée, elle n'aurait pas quitté Nedjmeddine. -On se parle plus tard, dit elle avant de retourner en cuisine. Tu as vu comme ses yeux brillaient, fait-elle remarquer à sa tante. Je crois que s'ils continuent à se voir, ils finiront par ne plus se séparer. -Sarah est adorable quand elle le veut. Il a besoin que quelqu'un prenne soin de lui. Il devrait ne plus prendre d'antidépresseurs. Hier soir, on l'a entendu gémir dans son sommeil. J'ai eu de la peine pour lui. Il lui faudra du temps pour se remettre de ce traumatisme psychologique. J'imagine l'état de sa famille, je les plains. -Je ne crois pas qu'ils sachent pour Djalil, mais maintenant, tu comprends pourquoi je tiens à ce que Nedjmeddine abandonne la sécurité et pourquoi j'insiste tant pour qu'il change de métier ? Même s'il est courageux, il peut craquer devant tant d'atrocités. Je veux qu'il reste fort. En fait, il ne me reste que l'espoir. L'espoir qu'une balle ne l'atteigne pas, l'espoir qu'il accepte de rendre les armes, l'espoir qu'il la rejoigne vite et qu'ils fassent leur vie loin de tout danger. Elle espère qu'il écoutera son cœur et qu'il viendra vite la trouver. Lorsque le téléphone sonne, elle prie pour que ce soit lui. Son oncle décroche, puis l'appelle pour lui passer son amie Sarah. Elle est surprise de l'entendre. Anissa est déçue que ce ne soit pas Nedjmeddine. -Quel plaisir de t'entendre, tu es rentrée plus tôt que prévu. -Oui, changement de programme, je te raconterai ça demain, promet Anissa. Il s'est passé tellement de choses...
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