Quelques dizaines de Tunisiens, dont des victimes de la répression de la révolution en 2011 ou leurs proches, se sont rassemblés jeudi en dépit du confinement mais ont été empêchés de défiler sur l'avenue Bourguiba, lieu symbolique de la révolution. "C'est un confinement politique et non sanitaire", ont lancé les manifestants, réagissant à l'important dispositif sécuritaire déployé dans le centre de Tunis, qui les a dispersés dans le calme. Un confinement de quatre jours a débuté jeudi, jour du 10e anniversaire de la fuite de Zine el Abdidine Ben Ali, et les rassemblements comme les déplacements non essentiels sont interdits pour faire face à la recrudescence des cas de Covid-19. Dans le reste de la ville aux rues désertes, rien ne fait référence au soulèvement qui a transformé radicalement la Tunisie et le paysage politique de plusieurs pays de la région. Les blessés de la révolution, à l'initiative de cette marche, réclament une reconnaissance officielle de la part des autorités, notamment via la publication de la liste définitive des morts et blessés au Journal officiel. Cela leur donnerait droit à des réparations, mais aussi à une reconnaissance morale, en gravant dans le marbre cet épisode de l'histoire tunisienne, alors que s'enlisent les procès des responsables du ministère de l'Intérieur poursuivis pour des homicides en 2011. En 2012, un bilan préliminaire des autorités avait fait état de 338 morts et 2 147 blessés. En octobre 2019, le Comité supérieur des droits de l'Homme a publié sur son site une liste de 129 personnes tuées et 634 blessées. Amnesty a déploré jeudi l'"impunité" des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur poursuivis pour leur rôle dans la répression en 2011, appelant les autorités tunisiennes à "apporter des garanties pour que les personnes accusées d'homicide" et d'autres graves violations envers des manifestants pacifiques soient jugées. R. I./Agences