Le procès de Mohamed Tadjadit et de ses codétenus Khimoud Noureddine, dit Nadjib Milano, et Ben Rahmani Abdelhak s'est tenu jeudi au tribunal de Bab El-Oued. Au cours de l'audience marquée par une présence étoffée des membres de la défense, le procureur de la République a requis à leur encontre une peine de deux ans de prison et 200 000 DA d'amende. Le verdict sera connu le 21 janvier. Les trois jeunes prisonniers d'opinion, qui ont entamé une grève de la faim le 27 décembre pour réclamer leur jugement, ont été transférés le 5 janvier à l'hôpital Mustapha à la suite de la dégradation de leur état de santé, selon leurs familles et leurs avocats. Mohamed Tadjadit (26 ans), Noureddine Khimoud (25 ans) et Abdelhak Ben Rahmani (38 ans), emprisonnés à El-Harrach, ont eu recours à la grève de la faim, afin de protester également contre la prolongation de leur détention provisoire de quatre mois supplémentaires sans que les procédures avancent. Auditionnés dans le fond en novembre dernier, les trois détenus sont poursuivis sur la base d'une dizaine de chefs d'inculpation, dont "atteinte à la personne du président", "outrage à corps constitués", "publications pouvant porter atteinte à l'unité nationale", "atteinte à la sécurité et à l'unité nationale" et "exposition de la vie d'autrui au danger en incitant à un rassemblement pendant la période de confinement". Abdelhak Ben Rahmani avait été placé sous mandat de dépôt le 6 octobre, tandis que Mohamed Tadjadit et Noureddine Khimoud sont en détention depuis la fin août 2020, au lendemain de leur participation à un rassemblement antirégime à La Casbah. Mohamed Tadjadit, surnommé le "Poète du Hirak" pour ses vers partagés sur les réseaux sociaux ou déclamés lors des manifestations des vendredis, est une figure connue du mouvement de contestation populaire né le 22 février 2019. Il avait remis au goût du jour la poésie populaire avec une empreinte politique en arabe dialectal. Condamné à la fin de la même année pour "atteinte à l'intérêt national" à dix-huit mois de prison et à 100 000 DA d'amende, il avait purgé une courte peine, avant de bénéficier le 2 janvier 2020 d'une remise en liberté provisoire, en même temps que 75 détenus politiques et d'opinion, dont l'activiste politique Hakim Addad et le militant du RAJ Djalal Mokrani, ou encore le défunt moudjahid Lakhdar Bouregâa.