Le tribunal correctionnel de Béjaïa a de nouveau renvoyé, jeudi dernier, les deux procès mettant en cause 9 militants proches du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) et 32 activistes du Hirak. La première affaire dans laquelle sont poursuivis les 9 partisans du MAK, programmée initialement pour le 31 décembre 2020, a été reportée au 25 février. Les 9 citoyens mis en cause sont accusés d'"incitation à attroupement non armé" et d'"atteinte à l'unité nationale". La genèse de cette affaire remonte à 2016, lorsque les 9 inculpés ont été arrêtés par la police, alors qu'ils prenaient part à un rassemblement de soutien au défunt militant mozabite, le Dr Kamel Eddine Fekhar, ainsi qu'à un supporter du club béjaoui, le MOB, emprisonné pour port de l'emblème amazigh. Une action de solidarité organisée à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'Homme, le 10 décembre 2016. Quatre ans plus tard, les 9 manifestants sont appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel de Béjaïa. Par ailleurs, la juge du tribunal de première instance de la ville des Hammadites a décidé de renvoyer le procès des 32 hirakistes au 4 mars prochain, à la demande des avocats de la défense. "Nous avons demandé à la juge d'ajourner ce procès, afin de nous permettre de mieux nous enquérir du dossier", nous a affirmé Me Mourad Zenati, l'un des avocats de la défense. Pour rappel, les 32 activistes mis en cause dans cette affaire sont poursuivis pour deux chefs d'inculpation, à savoir "attroupement non armé" et "mise en danger de la vie d'autrui en période de confinement". À noter que ces deux procès se sont déroulés dans un climat de tension marqué par une forte présence policière aux abords du palais de justice. Le rassemblement citoyen auquel ont appelé les activistes pro-MAK, en soutien à leurs camarades convoqués par la justice, a été finalement empêché par les forces de sécurité qui se sont déployées sur le terrain. On apprend que pas moins d'une quinzaine de personnes, parmi celles ayant répondu favorablement à l'appel des partisans du MAK, ont été embarquées par la police. Conduites au commissariat central de Béjaïa, elles seront ensuite relâchées. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le Comité de défense des libertés (CDL) de Béjaïa "dénonce et condamne ces arrestations et agressions violentes, sauvages, visant des militants politiques pacifiques". Cette "violente" répression policière a un objectif ajoute le document : "Empêcher toute action de solidarité envers des militants indépendantistes que le pouvoir a poursuivis en justice pour avoir mené des actions publiques pacifiques, le 10 décembre 2016, en faveur du défunt grand militant, Kamel Eddine Fekhar." Les animateurs du CDL déplorent, par ailleurs, "le silence des acteurs politiques et de la société civile face à cette vague de répression policière qui conforte de plus en plus le pouvoir dans son projet d'anéantissement de toute vie politique libre dans le pays".