Le baril de Brent de la mer du Nord a atteint hier 64 dollars, un niveau jamais vu depuis 2019. Le cours de l'or noir a ainsi commencé à regagner une partie de son terrain perdue en 2020 sous l'effet de la crise sanitaire et de la contraction de la demande. Est-ce pour autant que le marché tend vers l'équilibre ? Dans sa dernière note de conjoncture sur le marché pétrolier, l'Institut français de pétrole (IFP), évoquant les derniers rapports en date de l'Opep et de l'AIE, a mis en exergue la "fragilité" du marché. Cette dernière est due au fait que "cette hausse des prix du pétrole sera concentrée, pour une grande part, au second semestre, à condition toutefois que la vaccination massive fasse son effet et permette de relancer l'économie mondiale" et que la demande se revigore et se dilate. Il est attendu que celle-ci grimpe à 99 millions de barils par jour au 4e trimestre de cette année, niveau quasi équivalent à celui observé en 2019. Côté offre, l'IFP rappelle que l'Opep et ses partenaires se donneront la possibilité d'"augmenter progressivement leur niveau de production au-delà de ce qui a été défini en décembre 2020", dans le cadre de l'accord de limitation de la production. En vertu de cet accord, l'alliance relève sa production de pétrole de 500 000 barils par jour à partir de janvier 2021. Mais certains producteurs ont modifié leur offre, prenant des décisions en dehors de l'accord. Ainsi, et selon Reuters, la production de pétrole russe a augmenté le mois dernier de 120 000 barils par jour. Inversement, l'Arabie saoudite a déclaré qu'elle réduirait, ce mois-ci et le mois prochain, sa production de pétrole brut d'un million de barils par jour supplémentaires au-delà de son quota fixé par l'accord en question. La prochaine réunion de l'Opep+ est prévue pour le 4 mars. Et, à la faveur de cette rencontre, l'alliance devrait donner plus de cohérence aux décisions relatives à la gestion des quotas de production. Le dernier rapport de l'AIE met en évidence un respect des quotas actuels pour le mois de janvier à hauteur de 103% pour l'Opep+ dans son ensemble et de 108% pour l'Opep. Cette "rigueur est évidemment très favorable au soutien des cours du pétrole", comme le note l'IFP. Néanmoins, cela reste insuffisant pour une hausse durable des prix du pétrole et une stabilité des marchés à court et moyen termes. Toutefois, dans le contexte factuel, les facteurs haussiers demeurent bien en place, avec une légère reprise de la demande et de l'économie mondiale, après l'adoption par un certain nombre de pays consommateurs de plans de relance économique. À cela s'ajoute une baisse des stocks de pétrole aux Etats-Unis. L'IFP rapporte que les dernières statistiques américaines mettent en évidence une nouvelle baisse des stocks américains de pétrole à hauteur de "6,6 millions de barils, contre une augmentation de 0,9 million de barils" anticipée par les analystes. L'institut français relève qu'au-delà de cette statistique il convient de relever "la hausse régulière du taux d'utilisation des capacités de raffinage qui atteint désormais 83%", soit 9 points de plus par rapport à début novembre 2020. Cela veut dire que les raffineurs achètent plus de pétrole, tirant vers le haut la demande et, partant, les cours de l'or noir. Pour autant, l'Opep et ses partenaires ne peuvent pas se permettre de s'endormir sur leurs lauriers.