Le marché pétrolier n'arrive pas à prendre de la hauteur. Les prix de l'or noir se sont repris au cours des dernières semaines, mais dans des proportions limitées. Ainsi, en moyenne hebdomadaire, le Brent a gagné +0,2 dollar le baril à 43,2 dollars le baril et le WTI +0,1 dollar le baril à 40,6 dollars le baril. À quoi cela est-il dû ? Dans son dernier rapport, l'Institut français du pétrole et des énergies renouvelables (IFP) tente de mettre en évidence les facteurs qui font que les cours du brut stagnent autour de 40 dollars le baril. Le rapport note que les prix "continuent d'osciller autour des 40 dollars le baril depuis près d'un mois, contraints par l'évolution de la pandémie de Covid-19, malgré des signes encourageants de reprise de la demande aux Etats-Unis et en Chine et une baisse des stocks de pétrole". Mais, y est-il ajouté, "la décision des pays de l'Opep+ d'assouplir progressivement leurs quotas de production à partir du mois d'août fait craindre un retour à un marché excédentaire, alors que le risque d'une seconde vague virale est loin d'être écarté". En souhaitant augmenter l'offre, alors que l'économie mondiale souffre de graves répercussions de la pandémie, l'Opep+ ne donne pas un bon signal au marché qui reste dans le flou. Dans son rapport mensuel publié la semaine dernière, l'Opep prévoit une demande mondiale de pétrole en baisse de 8,9 mb/j en 2020. L'organisation pétrolière est plus pessimiste que les autres agences (AIE et EIA) quant à l'évolution de la demande de pétrole pour cette année, mais s'attend à une reprise plus forte au cours des 1er et 2e trimestres de l'année prochaine, et une demande mondiale de pétrole en hausse de +7 mb/j en 2021 (contre +5,3 mb/j pour l'AIE). Les experts de l'IFP rappellent dans l'analyse insérée dans le rapport que "malgré ce point de vue légèrement plus pessimiste sur l'évolution de la demande de pétrole en 2020, le Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord Opep et non-Opep (JMMC) qui s'est réuni la semaine dernière, n'a pas remis en cause la politique de quotas actuellement en place, qui prévoit une augmentation de 2 mb/j de la production Opep (hors Iran, Libye et Venezuela) d'août à décembre". En pratique, notent-ils, "l'augmentation devrait être un peu moins importante, car, selon l'accord, seuls les pays ayant respecté leur quota en mai et juin auront la possibilité de relever leur production". Les autres pays (principalement l'Irak, le Nigeria et l'Angola) se verront appliquer des quotas supplémentaires pour compenser leur surproduction. Un autre facteur important mis en exergue dans le document de l'IFP est celui des stocks américains. Il y est ainsi souligné qu'aux Etats-Unis, "les stocks ont chuté de 7,5 millions de barils selon les statistiques hebdomadaires publiées par l'EIA pour la semaine du 10 juillet". "Cette forte baisse des stocks a surpris les analystes qui s'attendaient plutôt à une légère augmentation. Elle est principalement due à une baisse des importations en provenance du Mexique, d'Arabie saoudite et d'Amérique du Sud (Brésil et Colombie)", y est-il ajouté. L'IFP détaille que "les stocks de produits pétroliers ont évolué dans le même sens, les stocks d'essence ayant baissé de 3,1 mb (bien au-delà des attentes), tandis que les stocks de distillats ont diminué de 0,5 mb". Quant à la demande de produits pétroliers légers (essence, distillats, jet/kérosène), "elle est en augmentation de +7%", y est-il relevé. L'institut français affirme cependant qu'en glissement annuel, "la demande reste en baisse de 7%, principalement en raison de la diminution de la demande de jet (-32%) et d'essence (-6%)". Et, fait important, "la production de pétrole brut aux Etats-Unis reste stable à 11 mb/j, le nombre d'appareils de forage est également stable à 181, et le taux d'utilisation des raffineries américaines est remonté à 78%", indique le rapport.