Le discours prononcé avant-hier par le président Abdelmadjid Tebboune ne fait, aux yeux des forces du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD), que confirmer l'obstination du pouvoir à imposer "son agenda" visant à restaurer le système. "Le PAD constate, hélas, après le dernier discours du chef de l'Etat, que la demande populaire de changement démocratique radical est loin d'être entendue et que la contre-révolution autoritaire ne lâche pas prise. Il enregistre, avec révolte, la persistance obstinée du pouvoir à imposer un agenda visant à restaurer le système autoritaire par un nouveau coup de force électoral adossé à de multiples subterfuges clientélistes et étroitement encadré par le dispositif policier habituel", a, en effet, estimé, dans la déclaration rendue publique, avant-hier, jeudi, par ce conglomérat des forces de l'opposition qui a, ainsi, clairement pris position contre le projet de dissolution de l'APN et la tenue d'élections législatives anticipées envisagée par Tebboune. Dans son document, le PAD a soutenu mordicus que le salut de l'Etat national et du peuple ne saurait découler de l'alignement des organisations de la société civile et des partis politiques sur une feuille de route qui vise à perpétuer le système autoritaire en place et reconduire les mêmes procédés et méthodes qui ont ruiné le pays. Pour les signataires de la déclaration, la solution démocratique passe, avant tout, par l'arrêt définitif de la répression et des poursuites judiciaires contre l'action politique et citoyenne, la réhabilitation juridique, morale et matérielle totale de tous les détenus politiques et d'opinion et le rétablissement immédiat et inconditionnel des libertés publiques. Cela n'est, bien entendu, aux yeux du PAD, qu'un préalable, puisque ses membres rappellent que la transition démocratique basée sur un processus constituant demeure la solution idoine pour édifier l'Etat réclamé par le peuple. À ce titre, ils soulignent que "le peuple algérien est en droit de dégager dans la transparence les voies et moyens juridiques, institutionnels et politiques nécessaires à la satisfaction de l'exigence citoyenne d'une transition démocratique basée sur un processus constituant souverain permettant d'édifier les fondations nécessaires à l'expression libre de la souveraineté populaire". En ce sens, le PAD appelle même indirectement à réinvestir la rue pour faire aboutir sa révolution démocratique. "Victimes d'une confiscation violente de leur révolution citoyenne et d'une dégradation accélérée de leurs conditions de vie du fait des choix opérés unilatéralement par le pouvoir de fait depuis l'irruption du mouvement révolutionnaire, les Algériennes et les Algériens sont en droit de faire aboutir leur révolution démocratique par tous les moyens pacifiques, au demeurant inscrits dans les Constitutions du régime (grèves, manifestations...)", lit-on dans sa déclaration dans laquelle, il salue, d'ailleurs, la mobilisation citoyenne qui a rassemblé massivement des Algériens de toutes les régions du pays dans la ville historique de Kherrata, le 16 février dernier. Tout en exprimant sa profonde inquiétude quant à la dégradation générale des conditions de vie de larges couches de la population en raison de l'érosion continue du pouvoir d'achat, à la descente aux enfers du secteur productif national, le PAD affirme qu'il est, pour lui, hors de question de cautionner la démarche du pouvoir qui, écrit-il, aggrave la déliquescence du tissu social et hypothèque toute politique de développement économique, social et humain. "Cette politique antinationale pousse chaque jour davantage vers la rupture de tous les équilibres et menace, de fait, la paix et la sécurité nationales, voire expose le pays à l'intervention étrangère", avertit le Pacte pour l'alternative démocratique.