La distribution à grande échelle des copies du projet de Constitution, qui sera soumis à référendum le 15 octobre, a commencé en Irak où règne le chaos. Les responsables de l'opération de distribution espèrent mettre entre les mains des Irakiens d'ici une semaine quelque 5 millions de copies du texte âprement négocié par différents groupes politiques irakiens mais que les leaders sunnites ont appelé à rejeter. L'opération médiatique est drivée par la mission des Nations unies, qui a tiré 3,5 millions de copies en arabe, 1 million en kurde et 400 000 exemplaires en syriaque et en turcoman. Le corps électoral compte théoriquement 15,7 millions de personnes, sur une population d'environ 26 millions d'Irakiens. Le document sera également diffusé par voie de presse, alors que la campagne pour inciter les électeurs à aller voter a démarré sur les écrans de télévision. Après des négociations ardues, surtout en raison des réticences des sunnites sur le fédéralisme, qui a été finalement retenu dans le projet, le texte final a été remis le 18 septembre dernier par le Parlement à la mission de l'Onu pour qu'elle entame son impression. Les copies sont distribuées par le gouvernement dans les ministères et les différentes administrations, les hôpitaux ou encore les universités. Par contre, dans les provinces à majorité sunnite, comme al Anbar, Salaheddine, Diyala ou Ninive, la distribution est laissée au soin d'ONG étrangères. Ce qui en dit long sur le crédit des autorités de Bagdad au sein de cette communauté. En tout, ce sont plus d' un million de copies de texte qui seront distribuées chez les sunnites. Dans le sud chiite, le réseau de distribution des rations alimentaires, hérité du programme pétrole contre nourriture, qui était géré par l'Onu, a été chargé de cette tâche. L'opération de distribution se déroule sur fond de crainte d'attaques spectaculaires de terroristes islamistes pour tenter de perturber le processus. Le Premier ministre Ibrahim Jaâfari, qui s'est dit sûr d'une participation de masse des électeurs, en prenant pour exemple le bon déroulement des élections générales du 30 janvier, en dépit des violences, a annoncé jeudi passé le renforcement du dispositif de sécurité pour protéger chaque électeur même dans les régions sunnites, théâtre d'opérations militaires, comme la province d'al Anbar, dans l'ouest du pays. Des milliers de soldats américains et irakiens mènent depuis le 28 septembre dernier 4 opérations dans ces localités de la vallée de l'Euphrate, qui court de la frontière syrienne jusqu'aux abords de Bagdad, pour empêcher les insurgés de s'y déplacer et d'atteindre la capitale. Les forces américaines ont annoncé avoir tué au moins 29 terroristes depuis la semaine dernière dans cette zone où elles traquent les membres de la branche irakienne du réseau Al Qaïda dirigée par Abou Moussab al-Zarqaoui. Bagdad souhaite organiser avant le référendum une réunion avec tous ses voisins. Le ministre iranien des Affaires étrangères a fait état, hier, à Doha de la proposition irakienne pour la tenue d'une réunion des ministres de la Défense et d'un sommet des pays voisins de l'Irak sur ce pays. La demande a été adressée à l'Iran, la Turquie, la Jordanie, l'Arabie saoudite et le Koweït, qui se sont réunis jusqu'ici au niveau des ministres des Affaires étrangères ou de l'Intérieur, sans succès apparents. L'Iran est depuis quelques jours critiqué par l'Arabie saoudite, le Koweit et la Grande-Bretagne sur ses interventions présumées dans les affaires intérieures irakiennes, notamment dans le sud du pays. Téhéran a démenti intervenir en Irak. La Syrie a essuyé les mêmes critiques. D. Bouatta