Une dévaluation plus prononcée du dinar fait ressurgir les tensions inflationnistes et érode davantage le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises. Le dinar repart à la baisse cette semaine, en s'établissant à 168,88 DA pour un euro. La monnaie nationale creuse également ses pertes face au dollar, dont la valeur est fixée à 138,47 DA sur le marché officiel des changes, lit-on dans les cotations hebdomadaires publiées par la Banque d'Algérie. Des économistes ont mis en garde plus tôt cette semaine que l'ajustement persistant du taux de change du dinar face aux principales devises d'échange pourrait pousser davantage l'inflation vers le haut dans les prochains mois ; celle-ci grimpant à 2,6% en janvier en glissement annuel. Le dinar, dont le taux de change a connu d'importants réglages en 2020, a continué de se déprécier, alors que les cours du brut rechutaient sur le marché mondial, entraînant une importante baisse des fondamentaux de l'économie. La monnaie nationale perdait un peu plus de terrain en 2020 face à l'euro et au dollar, passant de 133 DA/euro au 31 janvier 2020 à 161 DA/euro au 31 janvier 2021 et 168,88 DA/euro cette semaine. En revanche, le taux de change du dinar par rapport au billet vert est passé de 119 DA/dollar au 1er janvier 2020 à 132 DA/dollar au 1er janvier 2021 et à 138,47 DA/dollar cette semaine. Si en 2019, le taux de change du dinar traduisait mécaniquement les variations des cours de change de l'euro face au dollar sur les marchés internationaux, en 2020, la valeur de la monnaie nationale traduisait, en revanche, l'évolution des fondamentaux de l'économie locale. La rechute des prix du pétrole entamée dès le début de l'année 2020 a réduit substantiellement les recettes en devises, alors que la dépense intérieure brute continuait à être élevée, rapportée au revenu national. L'ajustement du taux de change du dinar en 2020 était intervenu dans un contexte de faible inflation ; celle-ci entamant un mouvement haussier au quatrième trimestre de la même année, passant de 2% en septembre à 2,2% en octobre, contre 2,6% en janvier dernier en moyenne annuelle. Dans de pareilles conjonctures, les arbitrages à faire sont souvent complexes, étant donné qu'un dinar surévalué serait nuisible à l'économie, puisqu'il subventionne les importations au détriment de la production et diminue les recettes en dinar de la fiscalité pétrolière. Or, une dévaluation plus prononcée du dinar fait ressurgir les tensions inflationnistes et érode davantage le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises. La Banque d'Algérie semble avoir opté en faveur d'une dépréciation progressive du taux de change, appelant, néanmoins, à lancer une série de mesures, afin d'accompagner cet ajustement. Dans l'une de ses notes de conjoncture, la Banque centrale a souligné, sans détour, que l'ajustement du taux de change du dinar "ne doit pas constituer le principal, voire l'unique levier d'ajustement macroéconomique". "Pour être efficace, il doit accompagner la mise en œuvre effective d'autres mesures et politiques d'ajustement macroéconomique, notamment budgétaire, aux fins de rétablir durablement les équilibres macroéconomiques, et de réformes structurelles aux fins d'asseoir une diversification effective de l'économie et in fine une hausse de l'offre domestique de biens et services", a soutenu la Banque centrale. Sauf que depuis ses mises en garde adressées au gouvernement, les réformes et les ajustements auxquels a appelé la Banque centrale tardent à venir, ce qui suggère que la monnaie continuerait à se déprécier et les conséquences sur le pouvoir d'achat des ménages et les entreprises seront inévitables.