Dans des déclarations faites hier à la BBC, l'ancien chef de la diplomatie égyptienne tire la sonnette d'alarme et demande des actions urgentes pour éviter que l'Irak sombre dans le chaos général. “Nous ne pouvons pas laisser l'Irak dans cet état, victime de divisions, de désaccords, de conflits et de fusillades”, a affirmé le premier responsable de l'instance arabe, qui semble convaincu que ce pays est menacé de façon imminente par la guerre civile. “La situation est tellement tendue qu'il y a réellement une menace de guerre civile dans l'air, guerre qui pourrait éclater d'un moment à l'autre, même si certains estiment que c'est déjà le cas”, a insisté Amr Moussa dans ses déclarations qui interviennent au moment où une délégation de diplomates arabes s'apprêtait à rallier Bagdad, hier, pour préparer une conférence de réconciliation entre les différents groupes ethniques du pays. Commentant la situation prévalant actuellement en Irak, le secrétaire général de la Ligue arabe dira : “Chaque groupe est, en fait, encouragé à s'emparer de ce qu'il peut, quoi que ce soit, il y a beaucoup d'intérêts particuliers qui jouent avec le futur de l'Irak, et il n'y a aucune stratégie réelle, aucune direction claire.” Estimant que le moment était opportun pour agir, il clamera : “Maintenant, il faut dire stop.” Allant au fond des choses sur les ondes de radio BBC, l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères déclare qu'il faut tirer les choses au clair avec les différents groupes ou communautés en conflit en Irak en leur demandant de livrer le fond de leurs pensées. Il faut qu'ils nous disent “ce qu'ils veulent et vers où ils veulent aller”, a précisé Amr Moussa. Il émettra des doutes quant à l'éventualité de voir l'approbation de la nouvelle Constitution par le peuple irakien régler tous les problèmes de ce pays. Ceci étant, une délégation dirigée par l'adjoint du secrétaire général pour les Affaires arabes, Ahmed Ben Helli, et regroupant huit autres hauts responsables de l'organisation, experts dans les affaires arabes et politiques et dans la préparation de conférences, a quitté Le Caire hier pour rallier Bagdad via Damas. Durant les quatre jours de leur présence dans la capitale irakienne, les membres de cette délégation tenteront de convaincre les sunnites irakiens, qui rejettent le principe de fédération prôné par les Kurdes et les chiites, de se rallier à la Constitution. Cette visite constitue une première mesure de la Ligue arabe après la réunion ministérielle exceptionnelle des représentants de huit pays, présidée par le ministre d'Etat et représentant personnel du président algérien, Abdelaziz Belkhadem, la semaine dernière à Riyad. Amr Moussa est, quant à lui, attendu prochainement en Irak pour impulser une grande dynamique à l'initiative arabe visant à sortir le peuple irakien de la grave crise qu'il traverse. Fin de l'offensive américaine dans l'ouest de l'Irak L'armée américaine a achevé l'une de ses quatre offensives dans l'ouest de l'Irak, destinées à empêcher les affiliés d'Al Qaïda de rejoindre Bagdad, alors que le pays n'est plus qu'à une semaine du référendum sur le projet de Constitution. “Environ un millier de soldats ont achevé l'opération Iron Fist (main de fer) dans la région d'Al Qaïm dans l'ouest de la province d'Anbar le 6 octobre”, selon un communiqué de l'armée diffusé hier. Plus de 50 rebelles ont été tués pendant l'opération lancée le 1er octobre sur la localité de Sadah, à environ 12 km de la frontière syrienne, a affirmé l'armée. Elle a fait état en début de semaine de la mort d'un de ses hommes dans cette offensive. La force multinationale “a établi de nouveaux postes de contrôle dans Sadah pour maintenir une présence dans la zone. Les positions établies permettront de soutenir les opérations en cours pour empêcher l'arrivée de terroristes d'Al Qaïda depuis la Syrie dans la vallée de l'Euphrate”, selon le texte. “Iron Fist” est l'une des quatre opérations lancées par l'armée américaine depuis la fin septembre sur des localités de la vallée de l'Euphrate, qui va de la frontihre syrienne jusqu'aux abords de Bagdad. Cette région, située dans la zone sunnite d'Al Anbar, est l'un des principaux foyers de la rébellion. Six marines américains y ont été tués jeudi dans deux attaques. Le chef de la branche irakienne d'Al Qaïda, Abou Moussab al Zarqaoui, a affirmé dans un enregistrement sonore qui lui est attribué, que le meurtre de civils “infidèles” était autorisé par l'islam. “En islam, la distinction se fait entre le musulman et l'infidèle et non entre un civil et un militaire”, dit la voix, attribuée à Al Zarqaoui. L'enregistrement, mis sur Internet, survient au lendemain d'une annonce par des responsables américains de la récente découverte en Irak d'une lettre présumée du numéro deux d'Al Qaïda, Ayman al Zawahiri, qui met en garde Zarqaoui contre les risques de s'aliéner le monde musulman en continuant à tuer et décapiter des coreligionnaires. K. ABDELKAMEL