Les milliers de Béjaouis, qui ont envahi hier après-midi les rues de la capitale des Hammadites, ont clairement exprimé leur rejet définitif de toute échéance électorale organisée contre la volonté populaire par un pouvoir "illégitime" et en "fin de règne". En effet, la troisième marche depuis la reprise du Hirak, qui intervient au lendemain de la signature par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, d'un décret présidentiel portant convocation du corps électoral pour les élections législatives fixées au 12 juin prochain, a été l'occasion pour les manifestants de Béjaïa de réitérer leur rejet de l'agenda électoral du pouvoir. Ainsi, les fameux slogans "Makanch intikhabat m3a el îssabat", et "Ulac l'vote ulac" (Pas d'élections) ont refait surface, hier, lors de cette énième démonstration de rue du mouvement populaire (Hirak), à Béjaïa. Il faut dire que la marche de ce vendredi 12 mars a réussi à drainer une immense foule qui affiche le même engagement et la même détermination à continuer à investir la rue jusqu'à l'aboutissement des revendications phare de la révolution du 22 Février. En témoignent, d'ailleurs, les slogans scandés haut et fort par les manifestants qui ont sillonné les artères principales de la ville des Hammadites, en allant du carrefour d'Aâmriw jouxtant la maison de la culture Taos-Amrouche, jusqu'au boulevard Amirouche, en haute-ville. "Djazaïr hourra démocratia" (Pour une Algérie libre et démocratique), "Sahafa hourra, adala moustaqila" (Pour une presse libre et une justice indépendante)... sont autant de slogans repris en chœur par les manifestants qui brandissaient le drapeau national aux côtés de l'emblème amazigh. Par ailleurs, les marcheurs béjaouis ont tenu à dénoncer, encore une fois, la campagne contre-révolutionnaire menée par les tenants du pouvoir et ses relais, en scandant à tue-tête "Matkhawfounach beldjinsiya, h'na rabbatna el watania" (Vous ne nous faites pas peur avec la déchéance de nationalité, nous avons été forgés par le patriotisme) et "Matkhawfounach bel 3ouchria" (Vous ne nous faites pas peur avec la décennie noire). "Aujourd'hui, le pouvoir en place doit comprendre qu'on ne peut pas construire une République au détriment de la volonté populaire. Le message du peuple algérien est on ne peut plus clair : une transition démocratique à travers un processus constituant souverain. Les élections organisées par le régime n'ont jamais réglé les problèmes de l'Algérie, bien au contraire, elles permettent au système de se reproduire", a déclaré l'enseignant universitaire, Mahrez Bouich, lors de la marche d'hier à Béjaïa.