Vingt et une organisations sunnites se sont entendues pour s'opposer à l'adoption de la Constitution, accentuant du coup la division entre les différentes communautés irakiennes et compliquant davantage la mission de la Ligue arabe. À cinq jours du référendum sur la nouvelle Constitution, les Irakiens sont plus que jamais divisés sur ce sujet, jugé déterminant par les observateurs pour l'avenir de l'Irak. Pendant que les Kurdes et les chiites font le maximum pour la réussite du scrutin du 15 octobre prochain, les sunnites ne ratent aucune occasion d'appeler à voter contre le document proposé. Ainsi, 21 organisations sunnites, dont notamment l'influent Comité des oulémas musulmans, la principale organisation de religieux sunnites, et le Parti islamique irakien, la grande formation politique de cette communauté, demandent à “l'ensemble des Irakiens à rejeter cette Constitution par tous les moyens légitimes”. “Nous rejetons la Constitution parce qu'elle ne réalise pas l'égalité entre les Irakiens”, a déclaré à la presse un chef du groupe, cheikh Zakaria Tamimi, qui a dit avoir “émis une fatwa pour appeler à voter non”. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a estimé que le “chaos total” guette l'Irak au cas où la Constitution est rejetée. Par contre, “si la Constitution est approuvée, nous pourrons avoir des élections en décembre et élire un gouvernement qui représente pleinement le peuple irakien. L'alternative est le chaos total”, a-t-il déclaré au quotidien britannique Daily Telegraph. Ceci étant, la mission de la délégation de la Ligue arabe, conduite par l'Algérien Ahmed Ben Helli, qui séjourne depuis samedi à Bagdad, semble compromise, à voir la réaction des Irakiens aux déclarations de Amr Moussa évoquant une guerre civile imminente dans ce pays. “Encore une fois, Amr Moussa a laissé libre cours à sa haine pour l'Irak en parlant de la probabilité d'une guerre civile, à une semaine du référendum”, a estimé hier le quotidien indépendant Alsabah al-Jadeed dans un éditorial. En dépit de cela, Ahmed Ben Helli s'atèle à rencontrer différents représentants du peuple irakien dans l'espoir de susciter un dialogue à même d'aboutir à une sortie de crise. “Ce dialogue inter-irakien devrait porter sur les questions de l'unité de l'Irak, de l'intégrité de son territoire, de la réussite du processus politique et de la reconstruction des institutions de l'Etat, de manière à accélérer la fin de la présence étrangère”, estime le diplomate algérien. Il a également pris le soin de préciser que la mission de la Ligue arabe n'est en aucun cas liée au référendum sur la nouvelle Constitution ni une ingérence dans les affaires intérieures de l'Irak. M. Ben Helli a réaffirmé que “le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a été chargé de susciter, sous l'égide de l'organisation, un dialogue entre les différents protagonistes irakiens”. K. ABDELKAMEL