Quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés vendredi après-midi devant le siège de la Banque du Liban (BDL) à Beyrouth afin de contrer le blocage de leurs fonds et entonné des slogans hostiles à la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar et des conditions socioéconomiques actuelles du pays. Cette manifestation intervient dans un contexte de crise économique, marquée par la dévaluation de la monnaie nationale – la livre libanaise – et l'envolée du prix du pain et des menaces de levée des subventions étatiques sur d'autres matières essentielles, notamment le carburant, qui menace d'accentuer encore la précarisation de pans entiers de la population libanaise. Dans ce contexte, la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et le PAM (Programme alimentaire mondial) lancent un cri d'alarme, mettant en garde contre la famine qui va s'accroître dans vingt pays au cours des prochains mois, au nombre desquels le Liban. Selon la FAO, le Liban ainsi que le Yémen et la Syrie sont cités parmi les pays les plus pauvres du Moyen-Orient où la famine sévirait prochainement d'une manière inquiétante. Dans un nouveau rapport intitulé Foyers de famine publié mardi dernier, la FAO et le PAM indiquent que dans plus de vingt pays, le nombre de personnes souffrant de faim aiguë devrait exploser dans les mois à venir, à moins d'une assistance urgente et de grande ampleur. "La capacité du Liban à faire face et à inverser les effets de multiples chocs politiques et économiques depuis la fin de 2019 diminue. L'augmentation du chômage et de la pauvreté, la flambée des taux d'inflation, la pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour contenir sa propagation ont contribué à une détérioration de la sécurité alimentaire pour une part croissante des populations libanaises et réfugiées", indique le rapport. Et d'ajouter que "dans les mois à venir, la suspension prévue par la banque centrale de l'allocation de dollars américains au taux officiel (1,507 LBP / 1 USD au lieu du taux informel de plus de 8000 livres LBP / USD 1) en faveur des importateurs de blé, de médicaments essentiels et de carburant, est susceptible d'entraîner une nouvelle augmentation des prix des produits de base". Aussi, ajoute encore le rapport susmentionné, "combinés à un manque de croissance économique et d'opportunités d'emploi, les moyens de subsistance des ménages libanais et réfugiés pauvres seront considérablement affectés". Et d'alerter que "dans ce contexte, les troubles civils et les affrontements violents pourraient devenir plus fréquents". Cela intervient alors que la formation du gouvernement est toujours dans l'impasse en dépit des injonctions étrangères, notamment de la France, qui a lancé un appel à ses partenaires européens pour faire pression sur les autorités libanaises, et des Etats-Unis, dont l'ambassadrice Dorothy Shea a effectué un déplacement au palais présidentiel puis auprès du Premier ministre désigné Saad Hariri. Des initiatives visant à débloquer le processus de formation du prochain cabinet, notamment celle du président de la chambre, Nabih Berri, ont également lieu dans un contexte de crise politique, ayant pris la forme d'un duel entre le président de la République, Michel Aoun, et Saad Hariri.