Les hirakistes bordjiens ont manifesté encore une fois, hier, en respectant le même rituel. Un rassemblement au niveau de Lagraphe suivi d'une marche qui a emprunté le boulevard Houari-Boumediene pour atteindre le siège de la wilaya tout en longeant la rue Emir-Abdelkader au centre-ville pour arriver à la cité des 500-Logements et ainsi boucler 5 kilomètres de marche à la Maison de la culture. Choqué par les manœuvres du pouvoir à l'encontre des activistes du Hirak, Bordj Bou-Arréridj a manifesté, ce 112e vendredi, contre l'instrumentalisation de l'affaire Saïd Chetouane. Pour les marcheurs, les graves accusations d'agression sexuelle formulées par Saïd Chetouane ont finalement fourni le prétexte tant recherché par le régime algérien pour placer sous mandat de dépôt, ce jeudi 8 avril, Mohamed Tadjadit, Malik Riahi, Tarek et Soheib Debaghi ainsi que Noureddine Khimoud. "Nous exprimons notre consternation devant cette situation et nous prenons acte de ce dévoiement volontaire des enquêtes censées faire la lumière sur les cas dénoncés de torture et ainsi rendre justice aux victimes, telles que Walid Nekiche, Saïd Chetouane, Ayoub Chahttou...", dira Me Zine Boukhari, l'un des avocats du Collectif de défense des détenus d'opinion. Malgré cette tension, la manifestation a toujours gardé son esprit pacifique, au son des tambours et des chants repris en chœur imprégnant la marche d'une ambiance festive. Les slogans "Libérez les détenus, libérez l'Algérie", "Libérez les otages" , "El fadha'a el 3am melk lich3ab" (l'espace public appartient au peuple) ou encore "Vive l'Algérie", "Pouvoir assassin", "Wallah mana habssine", "Algérie libre et démocratique", "Souveraineté populaire, période de transition"..., reviennent tel un leitmotiv. Les marcheurs ont aussi appelé à une presse libre et à une justice indépendante. "Justice indépendante et presse libre", a scandé entre autres la foule. Le prochain rendez-vous électoral du 12 juin 2021 est dans le collimateur des activistes. Le mouvement maintient le cap du rejet en continuant à scander "Oulach l'vote" (pas de vote), "Tetnahaw ga3 !" (dégagez tous), etc. Sur les pancartes et les banderoles, on pouvait lire : "Non au vote" ; "Non à la presse manipulatrice et manipulée" ; "Non à l'injustice et à la justice du téléphone" ; "Nous ne sommes pas sortis pour notre ventre, mais pour libérer notre pays" ; "Changement radical" ; "Oui à un Etat de droit" ; "Le peuple veut la chute de ce pouvoir" ; "Non aux divisions du Hirak", "Marchons différemment, agissons ensemble".