Béjaia été au rendez-vous, hier, pour la célébration du double anniversaire Printemps berbère 1980 et Printemps noir 2001. Ils étaient des milliers, en effet, à prendre part à la marche qui coïncidait avec la manifestation hebdomadaire de la communauté universitaire et de la société civile. Les gens ont renoué, l'espace de quelques heures, avec l'ambiance des marches historiques célébrant celle du Printemps berbère et du Printemps noir. De nombreux militants du mouvement culturel berbère (MCB), à leur tête Djamel Zenati, mais aussi des animateurs de ce mouvement ont pris part à ces manifestations. Alors que les étudiants, les enseignants et les travailleurs ATS ont mis du temps avant d'entamer leur marche depuis le campus de Targa Ouzemour, le gros des troupes attendait, depuis le milieu de la matinée, au niveau de l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche. À l'arrivée de la procession de la communauté universitaire au niveau d'Aâmriw, le gros des manifestants a rejoint la marche en scandant des slogans jugés conformes à l'esprit du 20 Avril : "Corrigez l'Histoire, nous ne sommes pas des Arabes", "Nous ne sommes pas des Arabes", "Tamazight di lakul" (Tamazight à l'école) ou encore "Pouvoir assassin", "Ulac smah, ulac" (Il n'y aura pas de pardon), "Jugeons les assassins et leurs commanditaires". Notre confrère Rabah Karèche a eu droit à une pancarte exigeant sa libération et sur laquelle était écrit : "Le journalisme n'est pas un crime." À signaler que les étudiants présumés proches du Mouvement de l'autodétermination de la Kabylie (MAK) ont préféré marcher en solo à l'occasion de ce double anniversaire. Par ailleurs, les rues de trois chefs-lieux de daïra, à savoir Kherrata, Tazmalt et Akbou, ont également vibré, hier, sous les pas de centaines de manifestants dans des marches commémoratives du double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir.À Kherrata, la marche a démarré à 11h de la place du 16-Février jusqu'en face du siège de la mairie. La manifestation a enregistré une participation de plusieurs centaines de citoyens. Arborant le drapeau national et l'emblème amazigh, la procession humaine s'est ébranlée sous les cris d'"Ulac smah ulac", "Pouvoir assassin" et "Mazalagh d'Imazighen". Tout au long de l'itinéraire de la marche, les manifestants ont scandé en chœur ces trois slogans comme pour signifier qu'ils n'ont pas oublié l'assassinat de 128 jeunes en Kabylie par le pouvoir en 2001. Devant le siège de l'APC, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir et de ceux de la démocratie. À Tazmalt, la population de la région a marché, hier, en masse, dans les rues du chef-lieu de daïra dans le même esprit que la manifestation de Kherrata. Le coup d'envoi de la manifestation a été donné, vers 10h30, en face du siège de la daïra de Tazmalt pour se terminer devant le cimetière de Chouhada. En sus des slogans "Ulac smah ulac", "Pouvoir assassin" et "Mazalagh d'Imazighen", scandés haut et fort par les manifestants, ces derniers ont réitéré leur rejet des élections législatives prochaines et plaidé pour "une transition démocratique", "une République démocratique et plurielle" et "la consécration de l'égalité effective des langues amazighe et arabe". À Akbou, toujours dans la haute vallée de la Soummam, la marche d'hier a été reportée à 21h.