Résumé : Djamel alla voir le chef de la gendarmerie, une ancienne relation à son père, pour en savoir plus. Il voulait tout savoir. L'ami de la famille lui expliqua que suite aux massacres, des familles fuyaient et s'installaient ailleurs. Comme il avait une copie des rapports, il lui demanda de repasser. Au café où il se rendit, le serveur lui apprit que les cadavres de plusieurs familles avaient été retrouvés. Djamel respira un bon coup avant de regarder les photos. Il lui sembla avoir le tournis et s'accrocha au bord du bureau alors que le chef de la gendarmerie se chargea d'étaler les photos devant lui. -Est-ce que tu la reconnais ? Djamel les prit une à une et réalisa que les cadavres n'avaient plus rien d'identifiable. -D'après le légiste, certains ont été brûlés. -Ils n'avaient plus rien sur eux ? -Il y a bien un cadavre... Je crois qu'il avait une boucle d'oreille en or. -Je pourrais la voir ? Le chef chercha la photo dans un autre dossier. Djamel en profita pour regarder à nouveau les photos, s'attardant sur les rares cheveux qui avaient échappé aux flammes. Il essaya d'imaginer Djamila, avec ces cheveux restants, mais il gardait une si belle image d'elle qu'il n'acceptait pas l'idée que l'une d'elles soit sa bien-aimée. Djamila avait une mèche rebelle, sur le côté gauche. Il se rappelait qu'elle lui racontait que même après un brushing, la mèche reprenait sa forme et lui tombait sur les yeux. Ce souvenir le rassura un moment et le fit soupirer. -La voilà... Le chef posa la photo de la boucle d'oreille prélevée sur un des cadavres. Pendant un moment, Djamel ne put prononcer un mot. La main tremblante, il toucha la photo. Il se mit à pleurer, en tapant sur le bureau. -Tu la reconnais ? -Oui. -Tu en es sûr ? Djamel secoua la tête. Tout en reniflant, il lui confia. -C'est moi qui les lui ai offertes. Comme je n'avais pas d'argent, je les ai prises à ma mère. -Je suis désolé, courage mon grand. Elbaraka fikoum. Toutes mes condoléances. Je suis touché par ta peine. Prie pour elle, pour sa famille, et pour toutes les victimes. -Peut-être que quelqu'un lui a volé les boucles ?, émit Djamel qui refusait d'accepter la réalité. Ils dépouillent les victimes, des objets de valeur, n'est-ce pas ? C'est ce qui lui est arrivé. J'en suis persuadé. -Mon garçon, je sais que c'est dur. Il faut accepter. Elle est libre maintenant. Comme tous les martyrs, elle repose au Paradis. -Qu'ils soient maudits. Qu'ils crèvent dans les flammes. Je jure de me venger, ils vont le payer. Ils m'ont pris Djamila... Djamila ! Le jeune homme se leva et partit presqu'en courant. Le chef n'avait pas pu le retenir. Sa douleur était insoutenable. Rien de ce qu'il aurait pu dire ou faire ne l'aurait apaisé. Il demanda à ce qu'on le suive par mesure de précaution. Dans son état, Djamel pouvait commettre une folie et attenter à sa vie. On le vit acheter de l'alcool frelaté et boire jusqu'à l'enivrement. Il cria longtemps le prénom de sa bien-aimée et proférer des menaces envers ses tortionnaires. Les agents en civil se chargèrent de l'emmener chez lui. Djamel ne tenait plus debout et n'avait plus les idées claires. En fait, il imaginait Djamila en torche humaine. Il brûlait de l'intérieur. -Yemma ! Yemma !, cria-t-il en reconnaissant leur porte d'entrée. Ouvre ! Meriem accourut en reconnaissant sa voix. Elle s'affola en le voyant soutenu par des inconnus. -Ne vous inquiétez pas, il n'a rien. Ils le soutinrent jusqu'à sa chambre et l'aidèrent à l'allonger. Djamel sanglotait comme un enfant. Meriem n'avait pas besoin d'explications. Le pire était arrivé. (À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.