Des Algériens font partie d'un groupe d'étrangers (dont des Albanais et des Géorgiens) en grève de la fin depuis quelques jours au Centre de rétention administrative (CRA) pour migrants clandestins, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. L'ONG d'aide aux migrants Cimade, qui a accès au centre, a publié un communiqué vendredi dernier pour alerter sur leur situation, en indiquant que les grévistes sont dans une grande détresse. Le groupe est maintenu en détention à cause de la fermeture des frontières pour des raisons sanitaires liées à la Covid-19. "Cette situation explique que les expulsions soient ralenties et que les délais de détention au centre soient rallongés alors qu'ils devraient être les plus courts possibles", explique la Cimade, en affirmant que "certains détenus veulent rester en France et d'autres rentrer dans leur pays, et sont convaincus qu'ils y arriveraient mieux par leurs propres moyens. Mais tous s'accordent sur le fait qu'ils veulent sortir du centre". En principe, le séjour dans un centre de rétention administrative doit être limité à quelques jours, mais il peut aussi atteindre une durée maximale de trois mois (210 jours en cas d'activités terroristes) lorsqu'il n'est pas possible de renvoyer les migrants rapidement dans leur pays. Et c'est le cas actuellement. "Les frontières avec l'Algérie sont fermées. Je ne comprends pas ce que je fais ici. Ils me disent que je vais prendre un avion demain vers 4h du matin. Je ne veux pas rentrer ; j'ai ma compagne et ma vie ici", a confié Hasni Gharbi, un Algérien de 28 ans, au site d'informations Rue89 Bordeaux. Un autre détenu a affirmé vouloir quitter définitivement la France car son maintien dans le centre lui cause une profonde souffrance psychologique. "Moi, j'ai des problèmes psychiatriques. Je veux être libéré et sortir tout seul du territoire. Je veux quitter la France. J'ai traversé la mer avec un Zodiac, je ne veux pas retourner dans mon pays. J'ai eu un choc quand j'étais petit, à cause du terrorisme. Ils ont tué mon cousin devant moi. J'ai besoin d'un suivi psychiatrique", a-t-il raconté. Outre le manque de soins, les sans-papiers vivent dans des conditions quasi carcérales et dans une grande promiscuité. Selon la Cimade, les effectifs ont doublé depuis quatre ans dans le CRA de Bordeaux. Selon des statistiques du gouvernement français, les Algériens forment la population la plus importante dans l'ensemble des CRA, avec un taux d'occupation dépassant les 15%. Bien avant la crise sanitaire, leur expulsion en Algérie posait déjà problème. Le ministère français de l'Intérieur a relevé à plusieurs reprises la difficulté d'obtenir des laissez-passer consulaires pour le renvoi des sans-papiers algériens vers leur pays.