Le poisson frais et les crustacés se font rares ces jours-ci sur les étals. Les spéculateurs et intermédiaires imposent leur diktat. À Jijel, la sardine n'est plus à la portée des petites bourses. Ce poisson bleu se hisse doucement au rang des poissons tels le rouget, le calamar ou la sole. En l'espace d'un mois, la sardine est passée de 60 à 100 DA/kg. La sardine de premier choix, quant à elle, est cédée sous le manteau entre 100 à 140 DA/kg. La quantité ramenée de poissons par les embarcations est un paramètre important. Par exemple, si plusieurs sardiniers rentrent, dans l'intervalle de deux ou trois jours, avec une belle prise, les cours de la sardine chutent légèrement jusqu'à 60 DA/kg au prix de gros. Si, au contraire, la plupart des sardiniers ne sont pas sortis en mer pour cause de mauvais temps, la sardine peut rebondir jusqu'à 80 DA/kg. Ce qui est curieux, c'est que les pêcheurs se cachent souvent derrière la contrainte du “mauvais temps” pour ne pas aller au large. Un petit vent matinal, quelques nuages, de petites vagues déferlant sur la jetée sont à même de pousser le raïs à renoncer à lever l'ancre. Au niveau de la pêcherie de Jijel, le petit merlan coûte entre 400 et 500 DA/kg, le grand merlan entre 700 et 800 DA, le calamar entre 800 et 900 DA/kg et le rouget entre 500 et 600 DA. La petite crevette vaut entre 800 et 850 DA/kg et la grosse entre 1 600 et 1 800 DA. Les poissonniers rencontrés au niveau de la pêcherie, ouverte récemment au niveau du chef-lieu de wilaya, dénoncent la marginalisation qu'ils subissent en raison du comportement discriminatoire de certains propriétaires de chalutiers. En effet, ces derniers préfèrent céder leurs produits aux acheteurs d'autres wilayas. Nos interlocuteurs ajoutent qu'il est vrai que “la vente du poisson est libre” et les poissonniers locaux “ne cherchent nullement un traitement de faveur dans les prix pratiqués” mais, il n'est pas permis de verser dans la spéculation puisque certains d'entre eux sont contraints d'acheter en deuxième main la plupart du temps pour ne pas chômer. Leur avenir est menacé, car ils n'arrivent plus à couvrir leur charge. D'après les pêcheurs, les poissons frais et crustacés sont exportés vers l'Europe, les exportateurs raflent tout à n'importe quel prix. Ce qui explique que le poisson frais se fait rare et qu'on ne le retrouve pas sur les étals. Mourad Bouchama