Ph : S.S.A. Avec une production halieutique qui ne dépasse pas les 200 000 tonnes par an, le marché du poisson reste toujours sous la pression de la demande. Au niveau des poissonneries, les prix restent inaccessibles pour la majorité des consommateurs. A la Pêcherie d'Alger, les quelques vendeurs qui étalent du poisson frais attendent patiemment le client. Ils ne sont pas légion. Ici, les seuls acheteurs qui fréquentent ce lieu sont les Chinois et les gens aisés identifiés par leur 4x4 et autres voitures de luxe. Madani, sexagénaire, a étalé quelques kilogrammes de poisson bleu qu'il s'est procuré auprès d'un mandataire. Selon lui, le marché du poisson reste sous l'emprise de ces intermédiaires qui, eux-mêmes, sont soumis à l'offre, donc à la production. «Les mandataires restent les maîtres du marché du poisson, ils savent bien qu'il y a une forte demande, surtout en ce mois de Ramadhan, alors ils accaparent toutes les quantités pêchées», estime le poissonnier qui affirme que tout le poisson qui se vend actuellement au marché de gros de la Pêcherie d'Alger provient de Annaba. Selon Madani, ce sont les mandataires qui imposent leur diktat. «Le casier de crevette qui pèse entre 20 à 25 kilogrammes s'est vendu ce matin à 22 000 DA». Ce qui provoque la flambée des prix du poisson c'est la multiplication des intermédiaires. Ainsi, le produit passe par quatre à cinq revendeurs. Mais pour Akli, vendeur de poissons occupant un commerce au niveau des voûtes en face de la Pêcherie, le prix du poisson en ce mois de Ramadhan est beaucoup moins cher que les quatre années précédentes. «La crevette est cédée à 1600 DA le kilogramme alors que l'année dernière elle s'affichait au-delà des 2000 DA le kg», indique le marchand sans pouvoir s'expliquer cette baisse. Hier, à la Pêcherie du port d'Alger, le rouget de roche s'est vendu au détail à 1200 DA le kg, le merlan à 1200 DA, le calamar 800 DA et la sépia à 600 DA. Toutefois, selon un pêcheur qui a voulu garder l'anonymat, certains poissonniers trichent sur les espèces de poissons vendus. Ainsi, le faux merlan est vendu aux clients comme le vrai, idem pour le calamar. Ces pratiques se font selon lui partout. Au port de Bouharoun (w. Tipasa), du poisson congelé puis décongelé est cédé comme frais. «Presque tout le poisson qui est mis en vente subit cette opération. Par méconnaissance ou inconscience, les gens achètent», explique-t-il. Mais selon lui, il est difficile de faire la différence entre un poisson frais et un autre congelé dégivré.