Le secteur de l'éducation est complètement paralysé dans la toute nouvelle wilaya de Bordj Badji-Mokhtar, les enseignants ayant annoncé leur retrait collectif de la région, fuyant un climat d'insécurité qu'ils dénoncent depuis des années. Un nouveau rassemblement de protestation des enseignants aura lieu demain devant le siège de la wilaya d'Adrar, à l'appel des bureaux locaux d'une douzaine de syndicats autonomes de l'éducation nationale, qui ont également annoncé leur boycott des examens trimestriels. Le communiqué rendu public par les syndicats précise que cette décision a été prise lors d'une réunion tenue jeudi, suite à l'agression dont ont été victimes neuf enseignantes dans leur logement de fonction collectif, à l'intérieur d'une école à Bordj Badji-Mokhtar, dans l'extrême sud du pays. Près de 500 enseignants, tous paliers confondus, ont annoncé mercredi leur retrait collectif et quitté la région pour le chef-lieu de la wilaya d'Adrar, où ils ont organisé une marche le même jour pour exiger à ce qu'un climat de sécurité leur soit garanti pour pouvoir continuer à accomplir convenablement leur mission. Faute de quoi, ils quitteront définitivement Bordj Badji-Mokhtar, ont-ils menacé. Les enseignants de la commune de Timiaouine, dans la wilaya de Bordj Badji-Mokhtar, ont rejoint le mouvement de protestation en refusant d'assurer les cours. Dans ce qu'ils appellent "communiqué de colère", les différents syndicats mettent l'accent sur "la nécessité d'assurer la sécurité et en urgence pour l'ensemble des travailleurs de l'éducation dans la région, avant toute reprise du travail administratif et pédagogique", et exigent "la prise en charge professionnelle et sociale, ainsi que le soutien psychologique en faveur des enseignantes agressées", dans la nuit de lundi à mardi et durant deux heures, par des individus qui leur ont tout dérobé (argent, bijoux, téléphones et micro-ordinateurs portables), les laissant dans un état déplorable. Aussi, ils demandent au "président de la République d'urger pour la publication d'une loi spéciale pour protéger les travailleurs de l'éducation nationale", lit-on dans ce communiqué, dans lequel les syndicats réclament "une commission ministérielle pour constater les difficultés auxquelles est confrontée la famille éducative à Bordj Badji-Mokhtar". Entre autres revendications des auteurs du communiqué, "l'urgence d'une mise en place d'un complexe de logements clôturé pour les travailleurs de l'éducation dans la région et des conditions favorables pour les enseignants afin qu'ils puissent mener leur noble mission". Vu l'absence de routes bitumées, la longue distance séparant Bordj Badji-Mokhtar, qui vient d'être élevée au rang de wilaya, de la wilaya d'Adrar et l'inexistence du transport public de voyageurs, les syndicats demandent "la prise en charge du transport aérien subventionné pour les travailleurs de l'éducation", notent les syndicats, qui n'ont pas cessé d'alerter sur l'insécurité dans la région. Dans son dernier communiqué, daté de mardi, le Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation (Sate) a fait état d'une dizaine d'agressions contre le corps enseignant à Bordj Badji-Mokhtar en l'espace d'un mois et demi, sans que les auteurs de ces agressions soient inquiétés.
Lyès MENACER NEUF PRESUMES SUSPECTS ARRÊTES Neuf présumés suspects ont été arrêtés par la gendarmerie nationale à Bordj Badji-Mokhtar, au lendemain de l'agression de neuf enseignantes, dont une avec son nourrisson de dix-huit mois, dans leur logement collectif de fonction, a annoncé le procureur général adjoint de la Cour d'Adrar, Mahmoud Bouleksibat, lors d'un point de presse organisé jeudi, précisant que l'une des enseignantes a été violée et quatre autres ont été blessées à l'arme blanche, sans compter le préjudice moral et psychologique qui leur est causé. Selon la gendarmerie nationale, six parmi les neuf arrêtés ont avoué avoir pris part à cette agression nocturne. Tous les suspects ont été déférés devant le juge d'instruction près le tribunal de Bordj Badji-Mokhtar, ont affirmé les mêmes sources. Six téléphones portables ainsi que 17 000 DA, appartenant aux victimes, ont été récupérés par les gendarmes lors de la perquisition des domiciles des présumés agresseurs, a affirmé à la télévision nationale la gendarmerie nationale. L'enquête suit toujours son cours, alors que les enseignantes agressées sont toujours à l'hôpital d'Adrar, où elles ont été transférées mardi par avion pour une prise en charge médicale et psychologique sur place, avant de pouvoir rentrer chez elles dans leurs villes et wilayas d'origine.