La liste des manifestants et militants arrêtés et placés en garde à vue s'allonge dans la capitale et dans une dizaine d'autres wilayas du pays, où la répression a empêché, de nouveau, ce vendredi, l'organisation des manifestations hebdomadaires. Trois wilayas seulement, Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, ont pu marcher en dépit d'une forte présence policière. Jusqu'à hier soir, au moins 53 personnes ont été placées en garde à vue dans huit wilayas, dont cinq femmes, selon le Comité national pour la libération des détenus politiques et d'opinion (CNLD), des avocats et des militants de la société civile. Vendredi et pour la deuxième semaine consécutive, près d'un millier de personnes ont été interpellées, selon les mêmes sources. De nombreux manifestants et des citoyens lambda ont été embarqués dans des fourgons cellulaires, devant les mosquées, les cafés ou sur les trottoirs pour être conduits dans les commissariats d'Alger. Les journalistes n'étaient pas en reste : certains ont été interpellés et relâchés sans le moindre motif. Ils ont témoigné avoir été empêchés de rendre compte du climat de répression et des violences policières à l'égard de manifestants pacifiques, sortis exprimer leurs revendications et réclamer un changement de système. Parmi la trentaine de manifestants placés en garde à vue à Alger, il y a au moins deux enseignants universitaires, Mustapha Ben Saha (Alger) et Saïd Bouadhba (Ghardaïa), et plusieurs autres manifestants originaires d'autres wilayas (Ouargla, Tipasa, Guelma, Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès). Les familles de certains manifestants sont toujours sans nouvelles de leurs proches, arrêtés, eux aussi, vendredi à Alger, selon le CNLD, qui affirme que des militants ont été interpellés devant leur domicile en fin de journée et d'autres la veille de la manifestation du vendredi. La wilaya de Skikda arrive en deuxième position en termes de placement en garde à vue, avec 14 manifestants arrêtés vendredi et en attente de leur présentation devant le procureur aujourd'hui, alors qu'à Boumerdès, au moins 6 manifestants ont été placés en détention provisoire, en vue de leur présentation aujourd'hui ou demain devant le procureur de la République, selon des avocats, membres du Collectif de défense des détenus politiques et d'opinion. Des manifestants à Mila, à Bordj Bou-Arréridj, à Constantine, à Tizi Ouzou et à Tébessa ont également été placés en garde à vue, s'ajoutant à la série noire des arrestations arbitraires dont sont victimes plus d'une centaine de militants politiques et de la révolution populaire du 22 Février 2019.