Les armes se sont tues vendredi matin à Gaza après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu qui a ouvert le chemin à une diplomatie active qui a pris le relais ces derniers jours pour tenter de consolider une trêve fragile. Le constat sans appel qui s'en dégage est le suivant : il est plus que temps d'engager des négociations qui mènent à la résolution des fondements du conflit israélo-palestinien. À savoir la question de l'indépendance des territoires occupés et la création d'un Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967 et "ayant pour capitale Al-Qods (Jérusalem)", selon les Palestiniens. Seule solution viable pour l'instauration d'une paix garantissant une sécurité durable dans la région et le règlement d'un conflit qui a retrouvé sa centralité et mis en échec le "contrat du siècle" de Trump et les accords d'Abraham qui ont favorisé la normalisation avec Israël de pas moins de six pays arabes. Parmi ceux qui sont arrivés à cette conclusion, le haut-commissaire de l'Union européenne aux affaires étrangères et à la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré que la sécurité temporaire seulement n'incarne pas la paix, et il est impératif d'œuvrer à la recherche d'une solution menant à une paix durable au Moyen-Orient. Dans une déclaration, Borrell a ajouté qu'il faut faire attention à la question principale, qui consiste à engager des négociations qui mènent à la résolution des fondements du conflit israélo-palestinien et à l'instauration d'une paix garantissant une sécurité durable pour les Palestiniens et les Israéliens. Il a déclaré qu'"il n'est pas acceptable pour l'Union européenne de s'engager dans la reconstruction de Gaza sans garantir un processus politique qui aborde la base du conflit, et il est impossible de préserver le statu quo car cela conduira de nouveaux aux cycles de violence". "Je suis en contact avec toutes les parties, y compris l'administration américaine, pour lancer des négociations menant à une solution à la base du conflit au lieu de rechercher une sécurité temporaire pour les deux parties, et le conflit israélo-palestinien doit être re-internationalisé", a affirmé Borrell. Plus explicites encore, les Etats-Unis ont, par la voix du président Joe Biden, indiqué que cette trêve des hostilités représente "une vraie opportunité" d'avancer vers la paix, en relançant la solution de deux Etats, une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, la qualifiant de "seule réponse possible" au conflit israélo-palestinien. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a, de son côté aussi, estimé que le cessez-le-feu est "un pas important mais encore insuffisant". "Il faut, pour éviter une récidive de la confrontation violente, concentrer les efforts internationaux et régionaux sur la relance des négociations politiques directes entre Israéliens et Palestiniens", a-t-elle plaidé. L'Allemagne, qui a également exhorté Israël et les Palestiniens à reprendre les pourparlers sur une solution à deux Etats, s'est enfin résolue à prendre contact, quoiqu'indirect, avec Hamas, considéré comme organisation "terroriste" par l'Union européenne. Cette intense activité diplomatique a écho auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a appelé le samedi 22 mai à un respect "complet" du cessez-le-feu entre Israël et Hamas, soulignant qu'il est "urgent de rétablir le calme et réaffirmé qu'il est important de parvenir une paix complète basée sur la conception d'une région où deux Etats démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, en paix, avec des frontières sûres et reconnues".Cependant, cette première déclaration commune, depuis le début du conflit le 10 mai, est jugée mal-à-propos par les Palestiniens. Riyad Mansour, délégué palestinien auprès des Nations unies, a déclaré : "Nous ne voyons pas la nécessité d'une déclaration du Conseil de sécurité après la cessation de l'agression contre le peuple palestinien. Il ne soutient pas notre peuple à Al-Aqsa, à Sheikh Jarrah, à El-Qods et dans le reste des territoires occupés." Le Conseil de sécurité devrait à nouveau parler du conflit israélo-palestinien le jeudi 27 mai, lors de sa réunion publique mensuelle, la cinquième réunion sur le sujet ce mois-ci, après quatre réunions tenues en urgence, dont trois à huis clos et une publique.