Ce énième "coup de force", soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antiterroriste et sur l'état de la gouvernance au Mali, et le respect des échéances prévues, comme la tenue d'élections début 2022. Le président Bah N'daw et le Premier ministre de la transition Moctar Ouane ont démissionné hier après leur arrestation lundi par les militaires, ont indiqué des sources militaire et diplomatique. Le président et son Premier ministre ont présenté leur démission au vice-président de la transition, le colonel Assimi Goita en présence d'une délégation de diplomates venus le voir à la base militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Les négociations sont en cours pour la libération du président de la transition et de son Premier ministre, ajoutent les mêmes sources. Ces démissions ont eu lieu dans le sillage de l'offensive diplomatique de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine (UA) et de la Minusma, visant à apporter une réponse à l'action des colonels, plus que jamais sous haute pression internationale et exposés à des sanctions Le médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour le Mali, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui est, en effet, arrivé mardi à Bamako, au lendemain du coup de force militaire, a prévu de s'entretenir avec le président Bah N'daw et le Premier ministre Moctar Ouane, et de les interroger sur leur situation politique. L'arrestation lundi des deux dirigeants et de plusieurs hauts personnages de l'Etat a provoqué une multitude de condamnations à l'encontre des militaires. Une grande partie de la communauté internationale réclame la libération immédiate des personnes arrêtées et un retour à la transition politique. Si la médiation ouest-africaine initiée mardi n'aboutit pas, "nous prendrons des sanctions contre tous ceux qui empêchent le processus de transition de se développer", a prévenu le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, dont le pays engage environ 5 000 soldats au Sahel et a demandé la réunion du Conseil de sécurité avec quelques pays comme le Niger, voisin du Mali. Ces sanctions ne seront pas seulement le fait de la France, mais aussi des "Etats africains, (de) l'ensemble des acteurs", a-t-il assuré sur la chaîne française France 2. Les pays européens sont également prêts à des sanctions, a déclaré le président français Emmanuel Macron. Cela d'une part et, d'autre part, le Conseil de sécurité de l'ONU a prévu hier à huis clos par visioconférence une réunion d'urgence sur le Mali, convoquée par la France et le groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent et les Grenadines) et qui doit être sanctionnée par une déclaration présentée par la France, porte-plume des résolutions sur le Mali au Conseil de sécurité. Ce énième "coup de force", soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antiterroriste et sur l'état de la gouvernance au Mali, et le respect des échéances prévues, comme la tenue d'élections début 2022. Mais, alors qu'on se pose toujours la question sur les véritables raisons de ce coup d'Etat, un média malien révèle que l'ex-junte aurait reproché à Kati au président de la transition d'avoir trahi le secret défense et divulgué des informations classifiées. Selon Malijet, il est reproché au président de la transition le fait d'"avoir transmis aux autorités françaises des documents relatifs à un contrat d'armement en cours de négociation avec la Russie".