Le développement des énergies renouvelables peine à prendre forme. Malgré l'annonce d'une politique nationale ambitieuse en ce domaine, les lenteurs et les contraintes de financement et de réalisation sont lourdes et nombreuses, alors que l'amorce d'une transition devient urgente car il y va de la sécurité énergétique du pays. La composante financement est la clé de la réussite du déploiement massif des énergies renouvelables en Algérie, estiment, unanimement, les experts. La maîtrise de la structuration financière des projets est indispensable. C'est un prérequis. Selon Ryadh Boudjemadi, expert et président de la commission "Energie" à la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), un projet photovoltaïque est avant tout financier et non technologique. "Dans un projet de renouvelable, le financement (taux d'intérêt, durée d'emprunt et le coût moyen pondéré du capital) représente une grande partie du prix de l'électricité", soutient la CAPC, qui vient de rendre publique sa contribution à la stratégie de transition énergétique en Algérie. Sur les projets réalisés dans le monde, un gigawatt coûte en moyenne 600 à 800 millions de dollars, soit une moyenne de 10 milliards de dollars pour les 15 gigawatts projetés par les pouvoirs publics à l'horizon 2030. La part d'endettement des projets, souligne-t-on, s'élèvera a minima à 80%, ce qui nécessiterait une levée de fonds auprès des banques de l'ordre de 8 milliards de dollars, soit en moyenne plus de 800 millions de dollars par an sur 10 années (2021-2030). "Il est difficile de convaincre les investisseurs de lever toute la dette en dinar. Les volumes demandés seront difficiles à satisfaire par un pool de banques algériennes", estime l'organisation patronale. De plus, les taux d'intérêt sont élevés, entre 5,5% et 7%, et la maturité maximale autorisée, de 7 années, est très basse. À titre d'exemple, au Japon, indique l'organisation patronale, les banques octroient des prêts au-delà de 15 années avec des taux qui ne dépassent pas 1%. Pour ces raisons, l'investisseur étranger ou le consortium d'investisseurs souhaitent, en général, lever des fonds auprès des institutions financières internationales et pas seulement locales. "Avec une durée de maturité de la dette de 7 années et un taux d'intérêt de 7,5%, il ne faut pas rêver", soutient Ryadh Boudjemadi, relevant que les coûts du solaire et de l'éolien ont subi une décroissance rapide sur les réseaux électriques dans plusieurs pays dans le monde. Pour la CAPC, "il conviendrait alors de réfléchir à autoriser le financement de projets structuré par des banques étrangères pour des Project Finance". L'Algérie aura seulement comme obligation de garantir le paiement sur 20 à 25 ans, la durée d'un Boot (build-own-operate-transfert), et d'assurer le taux de rentabilité interne (TRI) attendu par les investisseurs pour atteindre des prix au kilowattheure réalisés dans le monde. L'organisation patronale insiste sur l'élaboration de cahiers des charges conformes aux standards internationaux. Elle propose de ramener le taux d'intérêt à 4% et de rallonger les maturités d'emprunt à 15/20 ans. Comme il s'agit de Project Finance, il est souhaitable de permettre aux consortiums soumissionnaires étrangers de s'endetter en partie en devises à des taux de 1,5%. Le risque de remboursement est porté par la société de projet du moment, où l'Algérie garantit le PPA sur sa maturité. L'organisation patronale plaide également pour la mobilisation des investissements institutionnels et internationaux.