À travers la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), qui organisait une webconférence, hier lundi, l'entreprise algérienne donne plus que la simple impression qu'elle compte s'engager dans l'immense créneau qu'offre l'incontournable transition énergétique que projette de mener le pays. Une nouvelle industrie en gestation, pour ainsi dire, dans laquelle il y a des places à prendre tellement l'œuvre à réaliser est grandiose. La réflexion sur l'après-pétrole est engagée, si l'on croit Sami Agli qui, en sa qualité de président de la CAPC, atteste que les entreprises algériennes auront à jouer un rôle central, notamment pour « relancer l'attractivité du marché algérien, à la condition d'agir dans l'immédiat et de «s'adapter par anticipation». En tous les cas, beaucoup a été dit, hier, lors du webinar organisé par la CAPC, sur la révolution qui attend l'Algérie dans la perspective de l'instauration d'un nouveau modèle énergétique, non pas par choix, mais en raison d'une absolue nécessité, comme s'est évertué à l'expliquer, encore une fois, le ministre de la Transition énergétique et des Energies nouvelles, M. Chems Eddine Chitour, dans une intervention qui a eu le don de faire comprendre, sous tous ses angles, l'urgence de doter le pays d'un nouveau modèle énergétique et du potentiel existant pour «remplacer» le recours aux énergies fossiles. «Nous ne pouvons plus continuer à consommer de façon aussi débridée nos énergies fossiles», a soutenu le ministre en alertant sur le fait que le fossile sera marginal à l'horizon 2030, puis et surtout 2050. «Que ferons-nous alors de notre pétrole ?» a interrogé M. Chitour qui, comme s'il voulait «appâter» les entrepreneurs, a soutenu, avec chiffres à l'appui, que nous avons tout à gagner, sur tous les plans, en prenant nos distances avec les énergies fossiles. À ce titre, dit-il, il n'a pas manqué d'interpeller ses collègues ministres, du moins certains parmi ceux-ci, à l'instar de ceux de l'Habitat et des Affaires religieuses, auxquels il a expliqué les vertus de l'économie d'énergie. Ceci sans parler du secteur «calamiteux» du transport, qui verra cette année 200 000 véhicules opter pour le GPL carburant, une œuvre qui verra l'implication de nombreuses microentreprises. Des actions à mettre en œuvre immédiatement, avant que ne se pose la grande question d'ici 2030, qui verra l'Algérie se retrouver devant le dilemme sur lequel pratiquement tout a été dit depuis des mois maintenant : soit consommer, soit exporter son gaz et son pétrole. «Un modèle de consommation plus vertueux s'impose», recommande le professeur Chitour pour qui tout doit être mis en œuvre pour la transition énergétique qui, entre autres, permettra à l'Algérie d'épargner son gaz naturel, d'une part, et la création de richesses à tous les coups, d'autre part. Le solaire, l'éolien, et le bois, dont l'apport dans le mix énergétique en 2030 devrait atteindre 2%, tout cela fera que «des milliers de petites entreprises vont travailler», a assuré le professeur Chitour qui a également cité le recours aux pays avec lesquels l'Algérie est, ou sera, liée par des partenariats d'exception surtout «s'ils nous permettent de gagner du temps dans notre transition énergétique». D'autres interventions, telles celles de Ryadh Boudjemadi de la CAPC, qui s'appliquera à développer «les facteurs influençant la transition énergétique», où il fera état de «la baisse des coûts de l'électricité, donne une force aux énergies renouvelables», avant de démontrer qu'«un projet photovoltaïque est avant tout financier et non technologique», ou encore Yassine Bouhara, un expert financier d'envergure internationale, qui soutiendra que «les projets d'énergies renouvelables sont essentiellement financiers», et par la même occasion relèvera le problème de l'inexistence de marché de capitaux en Algérie, enrichiront la visioconférence qui est, ainsi, venue confirmer que l'Algérie veut se donner les atouts, en plus de ce que lui a offert la nature, pour s'engager dans l'inévitable transition énergétique qui lui épargnera, par exemple, 40 milliards de mètres cubes de son gaz alors que ses réserves s'amenuisent à un rythme effréné. Azedine Maktour