Plusieurs dizaines d'avocats ont participé, hier, au rassemblement auquel a appelé le barreau de Tizi Ouzou à l'effet de soutenir leur confrère, Arslan Abderaouf, qui a été placé sous mandat de dépôt, la semaine dernière, par le juge d'instruction du tribunal de Tébessa. Lors de ce rassemblement qui a eu lieu à 11h au siège de la cour de justice de Tizi Ouzou, les robes noires étaient unanimes à considérer la mise sous mandat de dépôt de leur confrère à Tébessa comme "un abus" et aussi un message adressé par le pouvoir à tous les avocats engagés dans la défense des détenus d'opinion dans le but de les faire taire. "Si nous avons appelé à ce rassemblement pour exprimer notre soutien à notre confrère de Tébessa placé sous mandat de dépôt, c'est parce que notre confrère est un avocat qui jouit d'une longue expérience, connaît son travail et présente toutes les garanties pour venir se présenter devant le juge d'instruction conformément à la Constitution et l'article 123 du code de procédures pénales" a, d'emblée, déclaré le bâtonnier, Me Salah Brahimi expliquant que ledit confrère comparaîtra ce mardi devant la chambre d'accusation et que s'il n'était pas libéré d'autres actions seront menées en concertation avec les autres barreaux au niveau national. "Nous n'allons pas nous taire car le pouvoir est en train de tâter le terrain et ce qui est arrivé à notre confrère peut arriver à n'importe lequel d'entre nous. Mettre des bâtons dans les roues aux avocats qui sont engagés dans des affaires de défense du Hirak et des droits de l'Homme est vraiment inconcevable. Nous devons rester mobilisés et solidaires car le pouvoir doit comprendre que l'avocat est une ligne rouge", a-t-il ajouté sous les cris des avocats qui scandaient : "Assa azeka, l'avocat yella yella". Prenant la parole, Me Kaci Rahem a estimé que "la mise sous mandat de dépôt de l'avocat de Tébessa est une procédure arbitraire à son encontre, lui qui est un avocat engagé dans la défense des détenus du Hirak". Il s'agit, a-t-il soutenu, d'"une manœuvre orchestrée par le pouvoir pour faire taire la défense". "Ce n'est pas par hasard que cet avocat a été placé sous mandat de dépôt. Il l'a été parce que c'est un hirakiste connu pour son engagement dans la défense des détenus d'opinion et de l'Algérie démocratique de demain", appuie Me Kamel Lounas. Même son de cloche pour Me Saliha Allouache qui voit dans cette mise sous mandat de dépôt de son confrère "un message adressé à tous les avocats sur le territoire national" mais qui est, dit-elle, "loin de faire plier les avocats qui continueront à défendre les détenus d'opinion". "Cette décision vise à amener les avocats à se désengager des affaires des détenus d'opinion. Ce qui dérange le pouvoir c'est que les avocats sont les témoins gênants des violations des lois qui sont en train d'être opérées dans les affaires de ces détenus", a, pour sa part, affirmé Me Nabila Smaïl qui considère que la mise sous mandat de dépôt de l'avocat à Tébessa est "un abus de procédure" car, a-t-elle soutenu : "Ce n'est ni un délinquant ni un trafiquant pour s'enfuir et il présente toutes les garanties pour se présenter devant le juge." Samir LESLOUS