■ La diaspora algérienne au Canada a tourné le dos au scrutin législatif. Outre le taux de participation rachitique, le rejet des élections s'est manifesté bruyamment dans la rue avec la marche populaire organisée samedi. Dans la zone 4 où deux sièges de députés étaient en jeu, 17 listes de candidatures, dont 1 indépendante, étaient sur les starting-blocks pour solliciter les suffrages de la diaspora, selon le délégué montréalais de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed El-Hadi Bennadji. À Montréal, la plus grande circonscription électorale de la zone 4, englobant les Amériques et l'Europe moins la France, il y a eu quelque 342 votants sur 12 015 inscrits comptabilisés, soit un taux de 2,84%. Il n'a pas été possible d'avoir le résultat enregistré à Ottawa, l'autre circonscription au Canada où le nombre d'inscrits est beaucoup moins important. Le bureau de l'Anie de la zone 4 installé à Washington dont dépend organiquement le bureau de Montréal. À Montréal, si les deux bureaux de vote ont pratiquement chômé durant ce samedi estival, il n'en est pas de même dans les rues de la métropole québécoise. Et pour cause, des Algériens de Montréal ont exprimé leur rejet des élections par une marche pacifique, samedi. La manifestation a connu une forte mobilisation de la diaspora. Des groupes de manifestants convergeaient vers la place du Canada, point de départ de la "marche de la dignité". La manif s'est ébranlée vers midi dans une ambiance bon enfant. La procession a été précédée par un camion à écran sur lequel défilaient les portraits des détenus d'opinion. "Ulac l'vote ulac", "Pas de vote avec les menottes", scandent à tue-tête les manifestants. L'essentiel des mots d'ordre du Hirak est remis au goût du jour. Scandés ou couchés sur des pancartes et autres banderoles, les slogans ont tourné autour du rejet des élections législatives, inscrit dans la démarche de changement de système voulu par le peuple marcheur du 22 Février. Alors que la vigie installée devant le consulat algérien depuis le début des opérations de vote jeudi maintenait la mobilisation, les marcheurs battaient encore le pavé de la rue Sherbrooke sur des centaines de mètres. Les derniers carrés de manifestants ont atteint le point de chute peu avant 14h, alors que la foule excitée criait son refus des élections. Le rassemblement improvisé sur place s'est terminé par l'hymne national, Qassamen, interprété comme une promesse de continuer le combat pacifique.