Malgré les efforts consentis sur le plan législatif et institutionnel, des insuffisances restent à combler concernant l'utilisation, les échanges et la consommation des ressources génétiques. À la présentation du 3e rapport national sur la biodiversité, adopté hier à l'Hôtel El-Aurassi à l'initiative du département de M. Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, il ressort clairement que l'Algérie a beaucoup de retard à rattraper en la matière. Les experts et chercheurs qui se sont attelés à l'élaboration de ce rapport, tous comme ceux qui ont apporté une contribution ont attesté que des efforts réels sont consentis, mais que beaucoup de choses restent à faire. “Toute politique devient obsolète si elle n'est pas agrémentée par un système de surveillance et d'évaluation”, a déclaré un intervenant à la rencontre attestant que c'est là un obstacle rencontré au cours de l'élaboration de ce document précieux qui engagera l'Algérie et peut se révéler très utile pour nos universités. Ce même rapport sera d'ailleurs transmis aux Nations unies puisqu'il s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la convention sur la diversité biologique que l'Algérie a ratifiée le 6 juin 1996. Aussi, le document en question comprend des questions basées sur les 18 articles de la convention et les programmes de travail relatifs à l'objectif 2010 lié à la stratégie mondiale pour la conservation des plantes, l'approche par l'écosystème et des domaines thématiques sur les eaux intérieures, la diversité biologique des forêts, des terres arides et subhumides et la diversité biologique des montagnes. À ce propos, Cherif Rahmani s'est longuement attardé sur des efforts fournis par les institutionnel et législatif ainsi que les projets et actions initiés dans le cadre de la préservation de la biodiversité. Il citera alors le projet de loi, actuellement discuté au niveau du gouvernement, concernant les espaces verts, portant sur la réalisation du cadastre du littoral et de la prochaine mise en place d'un plan d'aménagement côtier, de la réalisation dans les prochains mois de cinq grands parcs nationaux en plus de celui de 630 ha prévu à Alger. Le ministre abordera aussi le volet des réserves marines à protéger à l'exemple des îles Abibas d'Oran ou encore celles en voie de l'être comme celle de Rechgoun à Béni Saf. À propos du mont Chenoua, il rappellera que le site vient de bénéficier de 3 millions d'euros de la part du Fonds français de l'environnement. Cherif Rahmani a annoncé à l'occasion le lancement, en 2006, d'un parc pour l'outarde et l'autruche prévu à Adrar ainsi qu'une dizaine de jardins oasiens. Il est question aussi de l'élaboration d'un plan du massif montagneux et le lancement d'un plan pour le capital naturel. Les intervenants, pour leur part, ont posé le problème du manque de formation des douaniers pour faire face aux espèces exotiques qui sont ramenées au pays ou encore aux espèces locales qui sont exportées. “Il n'existe pas d'observatoire d'ornithologie”, nous a déclaré un participant à cette rencontre pour expliquer la pertinence de ce genre d'organisme qui aurait pu nous être utile, à titre d'exemple, pour faire face à la grippe aviaire. D'autres phénomènes peuvent surgir et auxquels l'Algérie pourrait être confrontée sans posséder les armes adéquats ni les connaissances pour y faire face, surtout en l'absence de textes qui réglementent la manipulation, l'utilisation, la consommation et les échanges des ressources génétiques (animales, végétales et microbiennes). Nabila Saïdoun