Une année et demie après son élection, le chef de l'Etat aura un nouveau gouvernement. Abdelmadjid Tebboune entamera, aujourd'hui, " des consultations politiques" en vue de constituer un nouvel Exécutif. Selon un communiqué de la présidence de la République diffusé jeudi, le chef de l'Etat recevra les responsables des partis politiques et représentants des listes indépendantes disposant de nouveaux députés "en fonction des résultats" des élections législatives anticipées. Logiquement, le secrétaire général du parti de Front de libération nationale (FLN), Abou El-Fadhl Baâdji, sera la première personnalité à être reçue au Palais d'El-Mouradia. Avec 98 députés nouvellement élus, l'ancien parti unique est, de fait, "la première force politique" parlementaire. Mais suivant la configuration actuelle de la Chambre basse du Parlement, rien n'indique que le prochain Premier ministre sera issu de ce parti. Même Baâdji ne le sait pas. "Franchement, il n'y a pas encore de contacts entre les partis. Mais ce sera probablement une coalition de deux ou trois partis", a avancé le secrétaire général du FLN lors d'une interview filmée donnée au Soir d'Algérie. L'homme a fait écho à la déclaration de Tayeb Zitouni, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), qui avançait, mercredi, que son parti allait s'allier "à un bloc nationaliste", sans citer les autres alliés. Mais l'allusion au FLN est claire. Il reste que le positionnement des listes indépendantes est la grande inconnue. À défaut de recevoir tous les "élus" non partisans, le chef de l'Etat se contentera, très probablement, d'accueillir des figures de certaines listes qui ont placé des candidats dans plusieurs régions du pays. Parce qu'en dehors de deux à trois "listes nationales", les députés indépendants ont été élus en loups solitaires, éparpillés sur plusieurs wilayas. Ce qui ne les empêche pas d'avoir l'ambition de se constituer en force politique. Avec près de 70 députés réunis la semaine dernière à Alger, ce bloc pourra servir de point d'équilibre sur lequel le chef de l'Etat s'appuiera pour garantir une majorité à l'Assemblée. Mais la fiabilité de ces députés n'est pas garantie. Abou El-Fadhl Baâdji a, d'ores et déjà, annoncé que certains d'entre eux vont rallier son parti. "À l'exception des militants du FLN qui ont choisi de se présenter en indépendants : ceux-là ne reviendront pas !", a-t-il promis. Djerrad gère les affaires courantes Avant ces consultations, la présidence de la République annonçait, jeudi, la démission du gouvernement d'Abdelaziz Djerad. Le communiqué de la Présidence a même reproduit les termes de la démission du Premier ministre. "J'ai l'honneur, conformément aux dispositions de l'article 113 de la Constitution, de vous présenter, M. le Président de la République, ma démission de mon poste de Premier ministre, ainsi que la démission des membres du gouvernement. Je saisis cette occasion pour vous exprimer, en mon nom personnel et au nom des membres du gouvernement, ma profonde gratitude et vous adresser mes chaleureux remerciements pour la confiance placée en chacun d'entre nous. Je vous fais part de mon plein soutien dans la démarche que vous entreprenez pour mettre en œuvre votre programme ambitieux et prometteur pour l'édification de l'Algérie nouvelle", a déclaré M. Djerad en remettant sa démission au président Tebboune. Ce dernier "a accepté" la démission, mais a demandé à Abdelaziz Djerad et à ses ministres de continuer à "gérer les affaires courantes jusqu'à la désignation d'un nouveau gouvernement". Quelques heures avant de présenter sa démission, le Premier ministre avait rendu public le bilan de son gouvernement durant les 18 mois d'activité. On y trouve "les réalisations" accomplies dans les domaines politiques, économiques et sociaux. Un bilan jugé satisfaisant, malgré "la pandémie" de coronavirus. On y apprend, par exemple, que "l'action normative du gouvernement a abouti à l'élaboration et la publication de 1 600 textes, dont 23 textes législatifs, 209 décrets présidentiels et 450 décrets exécutifs". Avant cela, le Premier ministre avait rendu publique une lettre dans laquelle il s'est plaint notamment de l'absence de sources de financement pour les projets d'investissements publics. À l'issue des consultations, le chef de l'Etat désignera un Premier ministre. Ce dernier aura un délai d'un mois pour composer son gouvernement. Mais vu l'agenda, il est très probable que l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale intervienne bien avant. Puisque d'ici à 15 jours, la nouvelle APN sera installée. Théoriquement, les nouveaux députés auront la tâche d'entériner la nouvelle équipe gouvernementale, avant de laisser l'adoption du plan d'action du gouvernement à la rentrée, donc en septembre.