Malgré la remise en cause des résultats des élections législatives, le Mouvement de la société pour la paix fait partie du jeu de coulisses en cours en perspective de la formation du nouveau gouvernement. Pour trancher définitivement la question de son intégration ou non dans la prochaine équipe gouvernementale, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) réunit, aujourd'hui, "en urgence" son conseil consultatif. Hier, Abderrezak Makri s'est réuni avec les membres du bureau national du parti auquel il a notamment fait un compte rendu de sa "longue" rencontre avec le chef de l'Etat. Si les informations sont distillées avec parcimonie, le porte-parole du parti, Nacer Hamdadouche, a néanmoins révélé que le président de la République a proposé à son parti, au même titre qu'aux autres formations politiques dont il a reçu les responsables, à l'instar du FLN et du RND, des postes ministériels. Abdelmadjid Tebboune a "proposé à tout le monde d'entrer dans le gouvernement", a révélé Nacer Hamdadouche, joint par téléphone. Interrogé sur l'attitude qu'aura à adopter son parti, ce dernier nous a renvoyé à la réunion, mardi, du conseil consultatif, organe délibérant "souverain" dans ce genre de décision. En effet, selon des sources concordantes, lors de ses rencontres avec les chefs de partis, Abdelmadjid Tebboune s'est contenté de proposer leur présence au sein du futur gouvernement. Mais sans plus. Il n'aurait formulé aucune proposition précise concernant le nombre de ministères ou encore le choix des portefeuilles à concéder à chacun des acteurs. Ce qui, vraisemblablement, complique la tâche des responsables du MSP, à leur tête Abderrezak Makri. Farouche opposant à l'entrisme sans de substantielles contreparties, le président du parti islamiste devra désormais faire des concessions. D'abord face à la poussée, au sein de sa formation, du courant "participationniste" qui pense que le courant islamiste peut exercer une influence de l'intérieur des institutions. Un entrisme dans sa déclinaison ancienne, adopté notamment depuis Mahfoud Nahnah. Aussi, des cadres au sein de ce parti nourrissent toujours l'ambition de devenir ministres, une chance dont ils ont été privés depuis une dizaine d'années, ce qui avait provoqué d'ailleurs la migration de certains de ses militants vers d'autres formations politiques ou en intégrant les institutions de l'Etat sans l'aval des instances partisanes. Outre le problème organique, le MSP risque de se retrouver dans une position délicate au cas où il déciderait de ne pas participer au gouvernement. En effet, il cédera la place à son frère-ennemi, El-Bina, qui, lui, ne se gêne pas pour soutenir ouvertement le pouvoir en place quel que soit le président de la République en exercice. Et compte tenu de la configuration actuelle de la Chambre basse du Parlement, il sera réduit à jouer, quasiment seul, le rôle de l'opposition, avec les conséquences d'être isolé et d'être étouffé, comme c'est le cas d'Abdellah Djaballah dont le parti risque de disparaître de la scène politique nationale. Autre argument, apanage des autorités, qui s'ajoute à cette situation et qui risque de contraindre le MSP à se jeter dans les bras du pouvoir : Abdelmadjid Tebboune souhaite la composition d'un "gouvernement d'union nationale" dans lequel seront représentés tous ceux qui ont participé à l'élection présidentielle anticipée du 12 janvier dernier. Reste la question — qui demeure sans réponse pour l'heure — de savoir si le parti d'Abderrezak Makri, qui achève bientôt son second et dernier mandat, acceptera de jouer le rôle de figurant dans une Assemblée où les islamistes n'auront que des strapontins. Ali Boukhlef