Au lendemain de sa condamnation par le tribunal correctionnel d'Aïn Témouchent à 3 mois de prison ferme sans mandat de dépôt pour tentative d'émigration clandestine, le hirakiste Brahim Laâlami a été jugé de nouveau, hier, par le tribunal correctionnel de Bordj Bou-Arréridj qui l'a placé sous mandat de dépôt tout en reportant son procès pour le 11 juillet, a-t-on appris auprès de Me Zine Boukhari, un des avocats du collectif de la défense. C'est l'accusé lui-même qui a demandé ce report. Présenté dans la matinée devant le procureur de la République, le hirakiste a été entendu par le juge d'instruction avant de comparaître devant le tribunal dans un procès en comparution immédiate. Il a été accusé "de diffamation, de publication de discours semant la haine, d'outrage à corps constitué et d'incitation à attroupement non armé''. Pour ses amis, Brahim Laâlami est trop attaché à cette terre qui ne veut pas le lâcher. "Il a tenté à plusieurs reprises de fuir non pas son pays, mais la situation dans laquelle il se trouve. Harcelé, poursuivi, sans emploi, sans possibilité de s'exprimer librement, d'aller où il veut, quand il veut et avec qui il veut. Ces derniers mois, Brahim s'est senti dans une grande prison", témoigne Saïf Eddine, un de ses amis. "Il veut aller vers un peu de liberté où il pourra s'exprimer librement", ajoute-t-il. Brahim Laâlami est l'un des activistes les plus connus et celui qui a le plus d'affaires avec la justice à cause de ses positions. Il était dans la rue avant même le Hirak. En effet, le 13 février 2019, il était dans la rue, à Bordj Bou-Arréridj, avec une pancarte pour dénoncer le 5e mandat de Bouteflika. Pendant le Hirak, Brahim Laâlami sortait, comme nombre d'Algériens, manifester chaque vendredi. Arrêté en novembre 2019 pour '"incitation à attroupement non armé", il passe 6 mois en prison avant de sortir en avril 2020. En juin 2020, il est à nouveau arrêté — alors qu'il distribuait des couffins d'aide aux familles démunies —, condamné à 18 mois de prison ferme, ainsi qu'à une amende de 1 million de dinars, puis à deux mois de prison en appel. Il se met en grève de la faim en prison avant d'être libéré fin août 2020, après avoir purgé sa peine. Une semaine plus tard, il est embarqué de force à Bordj Bou-Arréridj. Il est condamné à 3 ans de prison ferme et à 1 million de dinars d'amende, il croupit encore 6 mois en prison jusqu'à la tenue de son procès en février 2021 où il écope de deux ans de prison ferme et 200 000 DA d'amende. Il est libéré après avoir bénéficié de la grâce présidentielle, mais le jour de sa tentative d'émigration clandestine, la justice le condamne en appel à 2 ans de prison ferme dans cette affaire pour laquelle il a été gracié.