Aujourd'hui, faute de respect des normes et de conformité aux règles de sécurité et d'esthétique, des espaces de malvie, d'exclusion et de dilapidation du patrimoine foncier émergent sur le territoire à coups de milliards de dinars. Les experts de l'habitat et de l'aménagement urbain sont inquiets de l'état de dégradation de leur secteur. Comme toujours dans l'Algérie de ces dernières années, ce n'est pas le manque de ressources financières qui est mis en cause, mais les politiques qui président à cette filière importante. On construit certes beaucoup, mais si mal, disent en substance les architectes qui sont apparemment peu écoutés dans l'acte de bâtir. Aujourd'hui, faute de respect des normes et de conformité aux règles de sécurité et d'esthétique, des espaces de malvie, d'exclusion et de dilapidation du patrimoine foncier émergent sur le territoire à coups de milliards de dinars. La question est de savoir pour quelles raisons ce saccage continue alors que le pays ne manque ni de compétences ni d'argent ? La réponse est donnée par ces experts qui s'indignent de la facilité avec laquelle les instances concernées approuvent des études “médiocres” et assimilées à de vraies “catastrophes”. La tragédie du séisme avait déjà révélé cette anarchie dans le bâtiment et toutes les infractions commises grâce à la négligence et la complicité des responsables à différents niveaux. Quand on n'hésite pas à mettre en danger la vie d'autrui, il est peu probable que l'on se soucie de la qualité de l'environnement ou des impératifs esthétiques. Le détournement des terres agricoles, la catastrophe de Boumerdès, la construction anarchique qui a enlaidi toutes nos villes n'ont pas suffi pour que les autorités du pays prennent des mesures draconiennes pour sauver ce qui peut l'être encore. En dehors de quelques lampistes, la situation ne s'est guère améliorée. La promesse de un million de logements, que les citoyens ne prennent pas vraiment au sérieux, n'a réussi qu'à attiser les appétits, et Dieu sait s'ils sont voraces dans le secteur de l'habitat. C'est dire tout l'écho qu'aura cette nouvelle mise en garde des experts. Trop d'intérêts sont en jeu pour que l'on donne un coup de pied dans la fourmilière. G. K.