Les finances de l'Entreprise du port de Béjaïa, qui a dû s'endetter lourdement pour réaliser le projet, s'en trouvent sérieusement impactées, alors que le retour sur investissement n'est pas encore évident. Le projet de la gare maritime de Béjaïa a coûté plus de 400 milliards de centimes à la trésorerie de l'Entreprise portuaire. Et l'étude technique de cette infrastructure, inaugurée en grande pompe en juin 2018 par l'ex-ministre des Transports et des Travaux publics Abdelghani Zaâlane, actuellement sous les verrous, avait coûté, quant à elle, pas moins de 70 milliards de centimes. L'EPB, ce fleuron du transit de marchandises et des hydrocarbures, qui avait hissé le port de Béjaïa à la 2e place après celui d'Alger en termes de trafic de marchandises générales, est plombé par une dette, contractée auprès des banques, ont dénoncé des cadres syndicaux, qui observent que le remboursement de ce lourd investissement se répercute déjà négativement sur la santé financière de l'entreprise et, par conséquent, sur le paiement des salaires du personnel. D'où le recours à des grèves cycliques. En effet, pour financer le projet de la gare maritime - un projet qui continue à faire couler beaucoup d'encre -, l'EPB a dû contracter une dette jugée "faramineuse" auprès des banques. Conséquences, déplorent des cadres syndicaux mais aussi d'anciens cadres à la retraite, l'EPB ne serait plus en mesure de "financer de nouveaux projets ou de faire de nouvelles acquisitions en vue de renouveler ses équipements". Pis encore, "cela a déteint aussi sur la maintenance desdits équipements et autres moyens de manutention". Ce que réfute la nouvelle direction, qui a estimé durant le mouvement de grève que "la part de marché du port de Béjaïa, en termes de trafic hors hydrocarbures, a évolué positivement, passant de 21,8% en 2019 à 22,63% en 2020 et de 13% en 2019 à 16% en 2020". Alors qu'en ce qui concerne le trafic conteneurs, "le port de Béjaïa occupe ainsi la deuxième place en matière de traitement des conteneurs après celui d'Alger". Le trafic des marchandises générales durant l'exercice 2020 a atteint, quant à lui, 10 525 289 tonnes en augmentation de 0,58% par rapport à l'exercice 2019 ; le trafic de marchandises générales à l'export a réalisé, a indiqué un communiqué de la même direction, un record dépassant 1,066 million de tonnes, soit une hausse de 19%. Pour d'autres personnes impliquées dans le mouvement associatif notamment, le projet de la gare maritime a englouti plusieurs centaines de milliards de centimes. Toutefois, les dépenses faramineuses engagées dans le cadre dudit projet n'ont eu, "il faut le reconnaître, aucun impact positif ni sur l'EPB ni sur l'économie locale". La preuve, il n'y a eu "aucune incidence sur l'emploi dans la région". C'est plutôt un "coup porté à la santé financière de l'Entreprise portuaire de Béjaïa" et à tout un secteur historique qui regroupe l'une des principales portes d'entrée dans la ville de Béjaïa, la porte Sarrasine en l'occurrence, et la muraille qui ont une valeur historique inestimable qu'il s'agissait plutôt de mettre en valeur au lieu de la rendre invisible. Pour rappel, plusieurs condamnations à de la prison ferme ont été prononcées à l'encontre de plusieurs dirigeants de l'Entreprise portuaire par le tribunal de Béjaïa, a-t-on confirmé de source proche du dossier. Deux d'entre eux ont été condamnés à deux années de prison ferme ; un, à 18 mois ferme, alors que les membres de la commission des marchés ont été condamnés, eux, à une année de prison ferme. Outre l'ancien DG de l'EP Béjaïa, Djelloul Achour, condamné à deux années de prison ferme, il y a l'ancien président-directeur général de l'EPE Batimetal Spa et ancien ministre des Transports, Boudjemâa Talaï, qui avait comparu par visioconférence en tant que détenu au centre pénitentiaire de Koléa. L'architecte et responsable du bureau d'études Axxam, Nacer Boutrid, a été condamné, quant à lui, à 18 mois de prison ferme. À signaler que toutes ces personnes condamnées en première instance ont fait appel du verdict.