Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) est toujours à l'étroit. Malgré toutes les mesures prises localement pour désengorger le port, ses capacités de traitement sont encore insuffisantes. Les marchandises s'accumulent et l'entrée du terminal est quotidiennement obstruée par des files interminables de camions en attente de chargement. Plus de 1 500 camions de gros tonnage franchissent quotidiennement le portail du port, selon les statistiques de l'EPB. On doit rappeler à ce propos l'extension des horaires de travail et l'abandon - sur directive du ministère des Transports - des car-carries (matériel roulant) pour se concentrer exclusivement sur le conteneur, les marchandises générales et les hydrocarbures. Mais cette organisation, adoptée depuis début 2009, n'a pas tellement allégé la pression constamment exercée sur l'entreprise. Au cours de ces deux dernières années, le terminal marin recevait en moyenne 720 000 tonnes de marchandises diverses par mois, un volume qui représente près de 25% du trafic maritime national. Afin de délester un peu ses infrastructures, l'EPB a créé récemment une zone de stockage extra-portuaire de conteneurs qui s'étend sur 7 hectares dans la localité périphérique de Tala Hamza. Un autre terrain de 5 hectares est en voie d'aménagement pour la même finalité à El Kseur.Outre l'exiguïté des aires de manutention et d'entreposage, la qualité des réseaux routier et ferroviaire n'offre pas, du moins pour le moment, de bonnes conditions pour le dégagement des marchandises hors plate-forme dans de meilleurs délais. «Le port de Béjaïa est très dynamique, mais l'environnement immédiat n'évolue pas à la même vitesse», ne cesse de marteler le directeur général de l'EPB, Rabah Moussaoui, en soulignant dans ce sens l'importance de la pénétrante sur l'autoroute Est-Ouest pour le développement de son entreprise. Mais cette bretelle autoroutière, qui reliera Béjaïa à la localité d'El Adjiba dans la wilaya de Bouira sur une distance de 105 kilomètres, est en phase d'étude et sa réception effective est prévue pour 2014 ou 2015. D'ici là, les responsables de l'entreprise coordonnent leurs efforts avec les autorités locales afin de trouver des solutions alternatives à cette fâcheuse situation. Lors d'une récente rencontre avec le wali, l'option de travailler en continu (H24) a même été évoquée. Un choix auquel de nombreux autres partenaires doivent aussi obéir si l'on vient à l'adopter définitivement. Les services de sécurité, les douanes, la Direction de la concurrence et des prix (institution publique chargée de la répression des fraudes), la Direction des services agricoles (organisme étatique qui s'occupe du contrôle de qualité), en collaboration avec l'EPB, doivent définir en commun un organigramme de permanence. Cette alternative reste cependant à l'étude. L'éloignement des laboratoires d'analyse-qualité - domiciliés pour l'essentiel à Alger - retarde aussi les opérations de contrôle qui prennent parfois des semaines entières. Afin de réduire le temps des procédures de contrôle, le patron de l'EPB ne cesse de plaider pour la mise en place d'un laboratoire spécialisé sur place. «Les analyses s'opèrent à Alger, à l'Institut national des produits végétaux [INPV]. Entre le moment du prélèvement des échantillons, leur acheminement et le retour des résultats, il s'écoule deux à trois jours. Autant de temps accusé pour la libération des cargaisons entrantes», explique toujours Moussaoui. Pour soutenir son rythme de croissance, qui frôle annuellement les 10%, les responsables de l'EPB concentrent aussi leurs efforts sur la création future de deux ports à sec à Bordj Bou Arréridj et Beni Mansour en impliquant la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) dans l'évacuation des marchandises. A moyen terme, la Direction table également sur la perspective de l'extension de l'enceinte portuaire et la modernisation de ses installations. Ce plan de développement, datant de 1997, porte notamment sur la création de 50 hectares de zones de stockage additionnelles ainsi d'un nouveau débarcadère de 1 500 mètres linéaires, offrant six portes à quai pour la réception des grands bateaux. L'Etat a dégagé une enveloppe de 37 milliards de dinars pour ce projet d'équipement qui comprend aussi l'aménagement d'une gare maritime. La fin des travaux sur l'élargissement du terminal à conteneurs est prévue pour 2013.