En l'espace de 72 heures, soit entre le 20 et le 22 juillet, plus de 570 personnes ont été interceptées par les autorités espagnoles à bord de 50 embarcations, indique sur son compte Facebook Francisco Jose Clemente Martin, membre du Centre international pour l'indentification des migrants disparus (Cipimd) dont le siège se trouve à Malaga. "90% des migrants" ainsi interceptés sont des Algériens, estime Clemente Martin qui évoque "beaucoup de femmes et d'enfants" et plus de 35 cas positifs à la Covid-19. Certains migrants qui se trouvaient en mer depuis plusieurs jours étaient dans un état de déshydratation ayant nécessité des soins médicaux, signale encore le militant qui évoque le sauvetage de plusieurs embarcations qui dérivaient, notamment une barque qui transportait 14 Algériens dont deux femmes et deux bébés. Le militant du Cipimd indique, par ailleurs, que plus de 250 migrants ont pu échapper aux autorités ibériques à leur arrivée aux îles Baléares et à Almeria, Murcia et Alicante, villes côtières du sud-est espagnol. Ce qui porte le nombre total des arrivées en Espagne, ces trois derniers jours, à 825 personnes. Ces traversées maritimes d'Algériens désirant s'installer en Europe, un temps tempéré par l'espoir né du soulèvement populaire de février 2019, ont repris avec plus de vigueur en 2020. Selon les statistiques du gouvernement espagnol, 11 200 personnes ayant rallié les côtes ibériques sur un total de 41 000 migrants sont algériens, soit près du quart des arrivées. Pendant les deux premiers mois de 2021, Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, a enregistré l'arrivée en Espagne de plus d'un millier de migrants dont une majorité d'Algériens (758). Si beaucoup parviennent à atteindre les côtes espagnoles et le font savoir à travers des posts sur les réseaux sociaux, beaucoup de migrants périssent en mer. Et là, les chiffres sont effrayants. Selon Caminando Frontera, organisation euro-africaine pour la protection des droits des migrants, en 2020, au moins 231 Algériens (sur un total de 2 170 migrants de diverses nationalités) ont trouvé la mort en Méditerranée et 23 naufrages ont été déplorés sur la route entre les côtes algériennes et espagnoles. Phénomène plutôt rare avant 2019, la "harga de masse" - qui implique plusieurs embarcations et des dizaines de migrants dans une même traversée - semble se multiplier. En février 2021, sept barques transportant 97 harraga algériens, dont des femmes et des mineurs, avaient été interceptées au large de Murcie, selon le journal espagnol "La Razon". En mai de la même année, un autre journal espagnol, Okdiario en l'occurrence, faisait état de l'arrivée en terre ibérique de pas moins de 30 embarcations clandestines provenant d'Algérie, en l'espace de 48 heures. Ruben Pulido, un expert en politique migratoire cité par le tabloïd, avait évoqué une hausse notable comparativement aux précédentes années et prédit pour les mois qui suivraient "la pire vague d'immigration illégale des dix dernières années". Deux mois plus tard, soit début juillet, Francisco Jose Clemente Martin annonçait l'arrivée à Almeria de 100 Algériens à bord de neuf embarcations et alertait sur la disparition de cinq barques transportant une centaine de leurs compatriotes. Selon un décompte rendu public en mai dernier par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 10 000 Algériens avaient clandestinement émigré en Europe (en Espagne mais aussi en Italie) en janvier et avril 2021. On ignore encore ce que nous réserve 2021 mais il est évident que les traversées clandestines suivent une courbe ascendante inédite et que de très nombreux Algériens sont habités par le désir de changer d'air. Il est également à craindre que le nombre de décès et de disparitions ne soit important, compte tenu des statistiques d'ores et déjà établies par Caminando Frontera pour le premier semestre de l'année en cours. Selon l'ONG, près de 2 100 migrants originaires d'une vingtaine de pays ont perdu la vie en tentant de joindre l'Espagne par mer.