Un expert en politique migratoire, cité par la presse espagnole, brosse un tableau prévisionnel sombre du phénomène de la harga. Il affirme que les prochains mois "pourraient nous mettre face à la pire vague d'immigration illégale des dix dernières années". En à peine 48 heures, plus de 30 embarcations de harraga sont arrivées sur les côtes d'Almeria, a indiqué le journal espagnol Okdiario, dans son édition d'hier, dimanche, sans, toutefois, préciser le nombre de personnes qui se trouvaient à bord de ces "pateras". Ruben Pulido, expert en politique migratoire, cité par le tabloïd numérique, parle de chiffres qui dépassent la moyenne, évoquant "une hausse assez notable par rapport aux données des dernières années". Il brosse un tableau prévisionnel sombre puisqu'il affirme que les prochains mois "pourraient nous mettre face à la pire vague d'immigration illégale des dix dernières années". Il souligne, en outre, qu'il faudrait également comptabiliser les embarcations qui n'ont pas été interceptées par les gardes-côtes espagnols, ce qui augmenterait le chiffre des arrivées. Une remarque déjà faite en mars dernier au site EuroWeeklyNews après l'interpellation de huit sans-papiers algériens, alors qu'ils traversaient la campagne de la région d'Almeria. Ruben Pulido avait alors mis en évidence l'insuffisance des effectifs des services de sécurité espagnols face à l'arrivée des embarcations d'immigrés clandestins en provenance particulièrement des côtes ouest de l'Algérie. En effet, des plages d'Oran, particulièrement celles d'Aïn El-Turck, et les criques de Kristel, de Ténès (Chlef), des grottes de Sidi Mansour et des rivages de Stidia (Mostaganem), des rivages d'Aïn Témouchent et de Tlemcen, les harraga profitent de toutes les côtes pour les transformer en plateformes de départ. Mais le point géographique le plus proche d'Almeria reste encore Cap Falcon, à en croire les spécialistes de la harga. Aussi, la météo clémente de ces derniers jours ainsi que le Ramadhan où l'on parie sur le manque de vigilance des garde-côtes sont considérés comme des atouts par les harraga. L'expert en politique migratoire, toujours cité par Okdiario, affirme que "selon des sources algériennes, la situation à la source est assez incontrôlée après que des trafiquants tunisiens ont également pris part aux départs depuis le sol algérien". Une assertion difficile à vérifier en l'absence de données réelles et de déclarations des autorités algériennes à ce propos. Si des arrestations de passeurs ont eu lieu et des réseaux spécialisés démantelés en Algérie, ils n'ont concerné jusque-là que des nationaux. Même les passeurs arrêtés en Espagne sont des Algériens. La dernière opération de la brigade provinciale des frontières a permis d'appréhender trois Algériens en Andalousie pour trafic de migrants. Pour rappel, en 2020, 11 200 migrants sur les 41 000 arrivés en Espagne étaient des Algériens, selon des chiffres officiels du gouvernement espagnol. En 2021, l'agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes a enregistré l'arrivée de plus d'un millier de migrants en Espagne, des statistiques qui ne concernent que les deux premiers mois de cette année. Tout comme 2020, les Algériens étaient largement en tête de ce classement avec 758 migrants clandestins, ce qui représente 61% du total recensé jusque-là.