Alors que le pic de la troisième vague, plus sévère, n'est pas encore atteint, le scénario de l'année passée risque de se répéter avec plus de complications. La flambée du variant Delta, dont la propagation est plus rapide, provoque une panique générale et met tout le système de santé à rude épreuve. Au moment où le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, plaide pour une vaccination massive tout en admettant que la situation sanitaire est inquiétante, les chiffres relatifs à la pandémie de coronavirus flambent. L'inquiétude continue de gagner les citoyens, notamment dans certaines wilayas où la contamination et les décès ne cessent d'augmenter à la suite de la saturation des services de réanimation et d'hospitalisation et au manque cruel d'oxygène médical qui ne serait pas acheminé à temps vers certaines structures. Même si les chiffres officiels ne sont pas communiqués et relèvent presque du secret d'Etat, les échos parvenant des hôpitaux et des parents de patients sont alarmants. En effet, devant cette situation opposant vaccination massive et nécessité de recourir à un confinement tous azimuts, la situation peut déborder à tout moment. En attendant le pic attendu et prévu par certains membres du Comité scientifique national de suivi de la pandémie pour cette semaine, le scénario de l'année passée risque de se répéter et de faire plus de contaminations et de décès si les décisions relatives au strict respect des mesures barrières et la fermeture de certains commerces et services, notamment les cafés maures, les restaurants, les salles de sport, les lieux de loisirs, n'étaient pas prises et respectées. Certes, la flambée du variant Delta ne touche pas toutes les régions du pays, mais elle est en train de gagner chaque jour davantage de terrain, pas seulement dans les grandes villes. Les zones rurales et les villages sont autant touchés que les zones urbaines. Alger, Oran, Sétif, Tizi Ouzou, Constantine, Béjaïa sont visiblement les wilayas où la pandémie fait beaucoup de dégâts et où les structures hospitalières sont débordées devant le flux de malades. Les médecins n'ont eu de cesse, ces derniers jours, de tirer la sonnette d'alarme devant l'avancée de la contagion. Hier, le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne de médecine préventive, a confirmé sur les ondes de radio Sétif que la situation est dangereuse bien qu'il n'ait pas manqué d'appeler à éviter les messages de pessimisme sur les pages des différents réseaux sociaux. Il a, par ailleurs, indiqué que d'importantes décisions seront prises par les pouvoirs publics, tout en annonçant l'arrivée d'une cargaison d'appareils de respiration et de grandes quantités d'oxygène dans les prochaines heures. "Les services sanitaires ne se sont pas bien préparés pour cette vague", dira le Pr Djenouhat qui a souligné qu'outre la saturation des lits de réanimation, l'on parle maintenant de saturation des lits d'hospitalisation, d'où la nécessité de revoir les capacités d'accueil à la hausse, afin d'accueillir le plus grand nombre de patients en détresse respiratoire. Le chef de service du laboratoire central de l'EPH de Rouiba a, par ailleurs, révélé que pour le variant Delta qui touche les jeunes et les moins jeunes, l'augmentation des cas est exponentielle et le diagnostic prouve que l'atteinte des poumons peut atteindre les 50%. Le scientifique a aussi indiqué que certains citoyens qui ont reçu leurs deux doses de vaccin et pris un traitement ont été atteints et seraient même exposés à un danger de mort. "La première dose du vaccin ne peut protéger le patient qu'à hauteur de 30%, tandis que les 70% restants de la protection n'apparaissent que 15 jours après la deuxième dose de vaccin", dira le scientifique, qui a tenu à souligner que le vaccin est nécessaire. Et de renchérir : "Si les patients avaient été vaccinés un peu plus tôt, le taux de mortalité n'aurait été que de 5%, à savoir cinq décès pour chaque 100 contaminations." Côté prévention, tout en appelant les parents des patients à rester loin des hôpitaux car le danger est imminent et mortel, l'immunologue a souligné que l'utilisation de la bavette garde toute son efficacité à hauteur de 90%, afin d'éviter la contamination. Il a aussi rappelé que, selon les derniers rapports, la vaccination a touché entre 3 et 4 millions de personnes, et que devant l'enregistrement de cas de Covid-19 chez des enfants (nouveau-nés âgés de 15 et 20 jours dont les poumons sont atteints à 50%), il est envisageable de recourir à la vaccination des enfants âgés de 6 ans, ainsi qu'une autre proposition pour les enfants à partir de 12 ans et un autre avis de vacciner les jeunes de moins de 18 ans.