L'importance de la dépense alimentaire des ménages est telle que toute hausse des prix des produits qui composent ce poste affecte significativement leur pouvoir d'achat. L'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation est repartie au galop, au mois de mai dernier, en glissement annuel, mettant à rude épreuve les petites et moyennes bourses. Après avoir été stabilisées courant 2020, les pressions inflationnistes se sont intensifiées en fin d'exercice ; l'indice des prix à la consommation progressant de 2,8% entre décembre 2019 et décembre 2020. Les données des cinq premiers mois de 2021, communiquées par l'Office national des statistiques (ONS) suggèrent une forte poussée inflationniste, avec une augmentation plus forte du prix des produits alimentaires et non alimentaires. Les prix à la consommation ont connu, en effet, une hausse de 5,7% durant les cinq premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l'an dernier. Cette variation est due à une hausse générale des prix des différents groupes de produits, dont les biens alimentaires avec, au tableau, une progression de 6,8%. Plusieurs facteurs ont contribué aux tensions inflationnistes de 2020 et des cinq premiers mois de l'année en cours, dont "la dépréciation du taux de change (qui a augmenté le prix des équipements, intrants intermédiaires et produits finaux importés), l'augmentation de la monnaie en circulation, ainsi que l'intensification de l'effort de rationalisation des subventions du lait et du blé", écrit la Banque mondiale dans son rapport de conjoncture dédié à l'économie algérienne, diffusé hier. L'année 2020 a été caractérisé, en effet, par une dépréciation de 5,9% du dinar par rapport au dollar et de 7,7% par rapport à l'Euro. Le dinar s'est échangé, en moyenne annuelle en 2020, à 126,82 DA pour un dollar US et à 144,85 DA pour un euro, contre, respectivement, 135 DA/dollar et 159 DA/euro cette semaine. Ces dépréciations ininterrompues du dinar ont entraîné un renchérissement des prix des produits alimentaires et des coûts de production. Durant les cinq premiers mois de l'année en cours, comparés à ceux de 2020, les biens alimentaires ont augmenté de 6,8% et les produits alimentaires industriels de 5%. Cette évolution est d'autant plus problématique qu'elle affecte essentiellement les petites et moyennes bourses parmi les ménages et les salariés qui consacrent 41,8% de leurs revenus à l'alimentation. L'importance de la dépense alimentaire est telle que toute hausse des prix des produits qui composent ces postes affecte sérieusement le pouvoir d'achat des ménages, maintes fois laminés par les ajustements du taux de change du dinar ainsi que par les sacrifices de 2015-2019, dont l'objectif était de contenir le creusement des déficits jumeaux. Outre l'érosion monétaire et la hausse des prix des produits alimentaires et des coûts de production, la hausse à trois reprises des prix des carburants depuis 2016 ainsi que l'augmentation des tarifs d'accès à l'électricité ont été particulièrement ressenties par les petites et moyennes bourses. Le poste transports et communications représente 16% de l'indice des prix de l'ONS et les sous-postes transports et autres dépenses pour véhicules représentent 5,3% de l'indice des prix. Le regain des tensions inflationnistes, la faible marge de manœuvre budgétaire de l'Exécutif ainsi que l'impératif de reprise des opérations d'assainissement des finances publiques et de révision des dépenses illustrent la complexité des arbitrages que doit mener le gouvernement.