Même s'il est encore trop tôt pour tirer un quelconque bilan, surtout en cette période difficile où le football algérien traverse une crise multidimensionnelle, il est tout de même intéressant de rappeler les réformes promises par Charef-Eddine Amara. EElu le 15 avril dernier, le nouveau président de la FAF, Charef-Eddine Amara, a passé ses cent premiers jours à la tête de la Fédération algérienne de football. Même s'il est encore trop tôt pour tirer un quelconque bilan, surtout en cette période difficile où le football algérien traverse une crise multidimensionnelle, il est tout de même intéressant de rappeler les réformes promises par Charef-Eddine Amara. À commencer par la réforme du football national à travers l'adoption d'une nouvelle politique du professionnalisme au sein des clubs de Ligue 1. Une commission mixte avec le MJS, présidée par Mohamed Mecherara, a été installée à cet effet pour préparer un plan de réforme aux pouvoirs publics. Mais force est de constater que sans l'intervention de l'Etat en matière de financement, de mise à disposition d'infrastructures, fiscalité et assurance, Charef-Eddine Amara aura du mal à faire valoir ses doléances. Ce projet ne peut aboutir, du reste, qu'à travers une commission interministérielle qui mettrait à plat tous les problèmes du football algérien et qui préconiserait surtout les solutions idoines. Intronisé à la tête de la FAF avec l'aval des pouvoirs publics, comme c'est le cas pour tous ses prédécesseurs, Charef-Eddine Amara aura-t-il en fait le soutien politique nécessaire pour amener nos clubs à adhérer à une véritable politique du professionnalisme devant le travail d'arrière-garde déjà effectué par certaines parties, toujours aussi promptes à défendre leurs intérêts étroits, ou sera-t-il lâché dans l'arène sans arme ni munitions ? Ouvrons là juste une parenthèse pour noter que la FAF n'a toujours pas réussi à récupérer ses créances auprès de l'EPTV afin de payer les clubs et ce, devant le niet des pouvoirs publics qui bloquent le versement de cet argent pour des raisons inconnues. Le nouveau patron du football algérien a promis également de mener à terme l'opération d'amendement des statuts. Bien que la FAF ait annoncé que la FIFA a donné son aval pour ces amendements à la fin du mois de juin dernier, l'assemblé générale extraordinaire n'est toujours pas convoquée par le bureau fédéral pour leur adoption. Il subsiterait encore quelques détails à régler avec le MJS. Cette opération pourrait être finalisée au mois d'août prochain, laisse-t-on entendre du côté de Dély Ibrahim. Les nouveaux statuts permettraient à Charef-Eddine Amara d'avoir les coudées franches pour opérer des changements profonds au niveau des différentes commissions de la FAF, notamment celles juridictionnelles, afin de garantir une meilleure représentation et surtout leur indépendance. Les nouveaux statuts permettront aussi au président de la FAF d'injecter plus d'experts au sein du bureau fédéral afin d'élever son niveau, décrié par les observateurs. Charef-Eddine Amara a été intransigeant en ce qui concerne l'application du décret exécutif modifiant et complétant le décret exécutif n°14-330 du 27 novembre 2014 fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement des fédérations sportives nationales, ainsi que leur statut-type. Amar Bahloul (président de la Ligue régionale d'Annaba), Yacine Benhamza (président de la Ligue régionale de Saïda), Mohamed Ghouti (président de la Ligue d'Oum El-Bouaghi), Bachir Mansouri (président de la Ligue de d'Illizi), Rachid Oukali (président de la Ligue de d'Alger) et Djilali Touil (président de la Ligue de Chlef) ont fait leur choix sous la pression du MJS et du président de la FAF, Charef-Eddine Amara. Hormis Mohamed Ghouti qui a préféré rester à la Ligue d'Oum El-Bouaghi, les autres membres ont décidé de garder leur mandat au sein du bureau fédéral. Cependant, entre-temps, la FAF tarde à organiser de nouvelles élections dans ces ligues, ce qui est inexplicable. La réforme des statuts permettra aussi à Charef-Eddine Amara d'organiser de nouvelles élections au sein des ligues amateur et professionnelle. Ramener de nouvelles compétences pour une meilleure gestion des compétitions nationales est source de nombreux problèmes pour la FAF. C'est-à-dire qu'à ce niveau-là tout reste à faire. Il faut dire que l'ultimatum fixé par la CAF pour la désignation des représentants algériens en coupes africaines des clubs pour le 10 août ne facilite pas la tâche de la FAF, qui devra trancher à ce sujet au moment où la course au podium bat son plein. Il faut reconnaître cependant à Charef-Eddine Amara le mérite de n'avoir pas écouté les sirènes de ceux qui ont plaidé pour l'arrêt du championnat de Ligue 1 afin d'annuler la relégation. La FAF tient à ce titre à son projet d'une division à 18 clubs pour la saison prochaine et ambitionne de la réduire à 16 dès la saison 2022-23 pour élever son niveau. Charef-Eddine Amara a opéré des changements dans l'arbitrage, il a nommé un nouveau président de la CFA, en l'occurrence Mohamed Bichari, mais les résultats tardent à venir. La reconduction de certains arbitres suspects pour les matchs des Ligues 1 et 2 a reproduit les mêmes erreurs criantes d'arbitrage. Des résultats de matchs continuent d'être faussés par les arbitres. La suspicion est encore là. Bichari doit agir vite et efficacement pour renverser la vapeur, sous peine d'être éjecté précocement. Maillon faible du football national, l'arbitrage algérien a connu une régression vertigineuse ces dernières années. Il n'y a pas une semaine qui passe sans que des erreurs impardonnables soient commises sur nos stades. Pis, des accusations de corruption pèsent sur le corps arbitral, miné par une mafia qui a fait main basse ces dernières années sur les désignations des referees pour les rencontres des championnats. Charef-Eddine Amara doit faire face aussi aux nouveaux scandales de manipulation de matchs, à l'image de WAT-RCR et de l'affaire liée à une tentative d'influence sur un officiel de match impliquant un membre du bureau fédéral, en l'occurrence Touil de la Ligue de Chlef. Des dossiers s'entassent au sein des deux commissions d'intégrité et de l'éthique de la FAF sans que Charef-Eddine Amara demande des comptes. Pourtant, ces commissions fédérales possèdent des mécanismes de signalement et de détection, ainsi que les procédures d'investigation et d'enquête. Enfin, Charef-Eddine Amara a promis un audit de la FAF concernant le dernier mandat. Nous attendons toujours ses résultats. SAMIR LAMARI